POLITIQUELa Belgique passe le cap d'un an sans gouvernement

La Belgique passe le cap d'un an sans gouvernement

POLITIQUEEt, après avoir un temps manifesté son ras-le-bol avec humour, la population est lasse...
© 2011 AFP

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Un an. Ce vendredi, cela fait un an que le gouvernement belge, miné par les dissensions entre Flamands et francophones sur l'avenir du pays, a présenté sa démission, ouvrant la voie à une crise politique d'une durée record sans qu'aucune issue ne se dessine. «A force d'acharnement, on finira peut-être par avoir un nouveau gouvernement dans les prochains mois, mais personne n'y croit à court terme», explique à l'AFP le politologue Pierre Vercauteren.

«Ou alors, on retourne aux élections, mais cela ne changerait rien car les même partis se retrouveraient autour de la table. Reste donc l'hypothèse de continuer avec le gouvernement en «affaires courantes». En théorie, c'est possible jusqu'à la fin de la législature en 2014», ajoute M. Vercauteren. Le Premier ministre Yves Leterme, un chrétien-démocrate flamand, avait dû en avril 2010 jeter l'éponge suite au départ d'un parti clé de sa coalition, les Libéraux flamands, mécontents d'un blocage sur les droits linguistiques des francophones de la banlieue néerlandophone de Bruxelles.

Les législatives anticipées compliquent encore la situation

Il n'aurait jamais imaginé être encore en poste douze mois après, à attendre que les deux grandes communautés nationales se mettent d'accord sur une réforme de l'Etat et la formation d'une nouvelle équipe gouvernementale. Car les élections législatives anticipées convoquées le 13 juin 2010 ont encore compliqué la situation. Sorti en tête chez les néerlandophones avec 28,2% des voix, la Nouvelle Alliance flamande (N-VA), qui prône l'indépendance à terme de la Flandre, campe sur ses revendications.

Son chef, Bart De Wever, a mis comme préalable à tout nouveau gouvernement le transfert de pouvoirs supplémentaires importants aux régions, tout en se montrant intransigeant sur la question des droits de la minorité francophone de Flandre. Les partis francophones ont accepté le transfert vers les régions de compétences pour quelque 15 milliards d'euros. Mais ils refusent d'aller plus loin par peur de l'appauvrissement de leur communauté et de l'évaporation de l'Etat unitaire. Insuffisant, juge la Flandre.

Lassitude

Depuis c'est le blocage, malgré les missions menées par une multitude de médiateurs et conciliateurs. Il n'y a d'accord sur rien: ni sur le statut de la minorité francophone de Flandre, ni sur la décentralisation, ni sur le moyen de financements futurs de l'Etat central ou de la ville de Bruxelles, que se disputent les deux communautés. Après avoir un temps manifesté son ras-le-bol avec humour, en lançant une «révolution de la frite», une grève du sexe, ou en promettant de ne plus se raser, «la population, elle, a décroché», relève le quotidien La Libre Belgique.

Le sentiment de lassitude est renforcé par le fait que le pays semble fonctionner comme avant. Il a assuré la présidence semestrielle de l'Union européenne, a engagé une réduction des déficits publics et fait intervenir l'armée de l'air en Libye. Les indépendantistes flamands se frottent les mains car, en creux, la Belgique semble montrer qu'elle peut se passer d'un Etat fédéral fort. Mais le gouvernement garde une capacité d'action limitée. Aucune grande décision d'avenir ne peut être prise, comme la réforme des retraites.

Du coup, même si Bart De Wever profite de l'impasse politique dans les sondages, des voix commencent à s'élever en Flandre pour le critiquer. Cherche-t-il une réforme dans le «cadre belge» ou simplement à montrer que la Belgique est devenue ingouvernable afin préparer une scission du pays dont une majorité de la population ne veut pas? Yves Leterme ne souhaite toutefois pas ouvrir un boulevard à la N-VA à un an d'importantes élections locales, en les maintenant à l'écart d'une future coalition. «La position du parti est que la N-VA doit faire partie du prochain gouvernement», a-t-il expliqué.