TEMOIGNAGEAccusé à tort, plongé dans l'enfer de la prison équatorienne

Accusé à tort, plongé dans l'enfer de la prison équatorienne

TEMOIGNAGEDaniel Tibi, négociant en diamants, a été emprisonné deux ans et demi...
Anthony Nataf

Anthony Nataf

Le 27 septembre 1995, Daniel Tibi, un Français de 37 ans négociant en diamants en Equateur, se rend chez une cliente. Soudain, deux policiers lui barrent la route et lui demandent de les suivre pour un contrôle d'immigration. Il doit ensuite se rendre à Guayaquil, une ville de l'Est, pour témoigner dans une affaire, sans plus de précisions.

«A la sortie de l'avion, un pick-up attendait sur le tarmac. On me menotte, on me roue de coups et on m'emmène», raconte Daniel Tibi, rencontré à Paris. Le calvaire commence ici. Accusé par un inconnu de trafic de cocaïne, il est incarcéré arbitrairement pendant deux ans et demi.

Un univers bestial

Son récit qui vient de paraître* est saisissant. On plonge dans la lutte d'un homme obligé de s'adapter pour survivre, dans les agressions permanentes, les détenus poignardés sous les yeux de gardiens indifférents et la corruption du système. Un monde violent, où les valeurs n'ont plus cours et où certains croupissent indéfiniment faute de pouvoir acheter leur sortie.

«C'est une horreur. Une société inconnue, animale, bestiale. Tout le monde était armé et les étrangers étaient considérés comme des proies. Je perdais mon humanité. Pour ne pas me faire tuer, je devais être encore plus fou qu'eux.» Il lui a fallu dix ans et la reconnaissance de son préjudice en 2005 par la Cour interaméricaine des droits de l'homme pour qu'il trouve le courage d'écrire.

L'Equateur lui a fait des excuses officielles. «Ils ont dû changer un article de la Constitution qui permettait de prendre les biens des gens arrêtés. ça générait un trafic incroyable.» Lors de son arrestation, il avait une mallette contenant un million de francs de pierres précieuses.

*900 jours, 900 nuits, dans l'enfer d'une prison équatorienne. Comment un homme seul a fait plier un Etat, éd. Jacob-Duvernet.