WikiLeaks: La taupe à l'origine des fuites détenue dans des conditions assimilables «à de la torture»
ÉTATS-UNIS•es conditions de détention du soldat Bradley Manning sont dénoncées par d'éminents juristes américains...J. M.
«Est-ce que ça va?» Cette phrase, Bradley Manning doit y répondre toutes les 5 minutes, le jour, et chaque fois que son geôlier ne voit pas son visage, la nuit. C’est le seul contact humain que ce jeune soldat américain de 23 ans, suspecté d’être à l’origine des fuites diplomatiques de WikiLeaks, a depuis neuf mois. Parmi les soutiens du jeune homme, qui dénoncent les conditions inhumaines de sa détention, d’éminents juristes américains, dont un ancien professeur de Barack Obama.
Le traitement «dégradant et inhumain» de Bradley Manning est «illégal, inconstitutionnel et pourrait même être assimilé à de la torture», dénoncent dans une lettre ouverte plus de 290 spécialistes, dont Laurence Tribe, qui a enseigné le droit constitutionnel au président américain. «Si Manning est coupable d'un crime, qu'il soit jugé, condamné et puni conformément à la loi. Mais son traitement doit être conforme à la Constitution et au “Bill of Rights”», réclament les signataires.
Nudité forcée
Bradley Manning est détenu depuis juillet sur la base des marines de Quantico, isolé dans une cellule dont il n’est autorisé à sortir qu’une heure par jour. Durant cette heure, le suspect est autorisé à marcher en rond, seul, dans une autre pièce. Selon ses soutiens, le «fuiteur» présumé a même été contraint la semaine dernière de dormir nu, sans être autorisé à s’habiller lors des inspections de sa cellule.
Des conditions drastiques pour un détenu qui n’a pas encore été jugé. L’administration justifie le placement de Bradley Manning sous le régime de haute sécurité et sa surveillance spéciale par un risque de suicide, alors que les psychiatres ont émis un avis contraire. Quant à la nudité forcée, le porte-parole de la base a refusé de la commenter, arguant qu’il s’agirait là d’«une violation de la vie privée de Manning».