MONDELibye: désaccord sur le commandement de l'«Aube de l'Odyssée»

Libye: désaccord sur le commandement de l'«Aube de l'Odyssée»

MONDELes Etats-Unis vont lâcher la tête des opérations militaires, mais leur succession provoque de nombreuses divergences au sein de la coalition internationale...
Corentin Chauvel avec Reuters

Corentin Chauvel avec Reuters

L’«Aube de l’Odyssée» dans le brouillard. Le commandement de l’opération militaire en Libye est devenu la patate chaude des Occidentaux. Les positions sont tellement divergentes que les réunions des ambassadeurs auprès de l'Otan se succèdent à Bruxelles pour tenter de les rapprocher.

Actuellement dévolue aux Etats-Unis, la coordination des opérations doit être transférée rapidement. «C'est une question de jours, pas de semaines», a indiqué lundi Barack Obama qui n’a pas dit non plus qui prendrait alors le relais. Mais la succession s’annonce compliquée.

Pour l’Italie, l’Otan plutôt que la France

L’Italie, comme la Grande-Bretagne et le Canada, souhaite que l’opération soit alors placée sous le commandement de l’Otan et semble vouloir particulièrement éviter que Paris prenne les choses en main. Selon Gianpiero Cantoni, président de la commission Défense du Sénat italien, la France est mue par la volonté d'obtenir des contrats pétroliers auprès des futures autorités libyennes, en cas de victoire des insurgés, et d'accroître son influence en Méditerranée, tandis que l'Italie devra, elle, sans doute faire face à un afflux de réfugiés.

Pour appuyer son désaccord, Rome a prévenu que si aucun commandement unifié n'était mis sur pied, l'Italie reprendrait le contrôle des sept bases aériennes qu'elle a mis à la disposition des forces aériennes de la coalition. Pour sa part, la Norvège, qui doit également être de l’«Aube de l’Odyssée», préfère désormais attendre que la situation soit résolue avant d’y prendre part.

La Ligue arabe ne veut pas de l’Otan

Pour Yves Boyer, directeur adjoint de la Fondation pour la recherche stratégique, cette fronde est «un forcing éhonté auprès des petits alliés du secrétaire général de l’Otan, Anders Rasmussen, pour obtenir le commandement des opérations». «Elle peut aider, mais pas commander», insiste-t-il, contacté par 20minutes.fr.

La Turquie également a exprimé sa surprise face au rôle de premier plan joué par la France dans l'intervention militaire en Libye. Mais sa position est d’autant plus ambigüe qu’elle ne souhaite pas non plus un commandement dévoué à l’Otan. Pas plus que la Ligue arabe selon Alain Juppé. «Une position fondée», renchérit Yves Boyer, les pays arabes refusant de soutenir une opération militaire menée par l’Otan contre l’un des leurs.

Une confusion pas «dramatique sur le plan militaire»

Le ministre des Affaires étrangères a ainsi fait valoir lundi la volonté de la France que l'Otan n'ait pas le contrôle des opérations mais intervienne en soutien, ce qu’elle a promis ce mardi. Cependant, pour Yves Boyer, l’opération aérienne menée actuellement en Libye est «importante, mais pas colossale».

«Les Français ou les Anglais peuvent la prendre en charge, même sans l’Italie ou la Norvège, ce n’est pas hors de portée», précise le chercheur qui préfère ainsi relativiser: si cette confusion «de nature politique» est «diplomatiquement gênante», elle n’est pas «dramatique sur le plan militaire».

Toutefois, Paris semble prêt à agir pour trouver une solution. Une réunion de coordination politique de l'opération militaire réunissant les pays concernés et la Ligue arabe aura lieu dans les prochains jours, a annoncé ce mardi Alain Juppé. «Nous devrions répéter régulièrement ce genre de réunion», a-t-il ajouté, précisant vouloir en Libye «une intervention de courte durée».