Soldats du Golfe à Bahreïn: l'opposition crie à l'"occupation"

Soldats du Golfe à Bahreïn: l'opposition crie à l'"occupation"

L'opposition bahreïnie conduite par les chiites a crié lundi ...
© 2011 AFP

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L'opposition bahreïnie conduite par les chiites a crié lundi à l'"occupation étrangère" après l'arrivée de troupes de la force commune des pays du Golfe, venues aider à rétablir l'ordre alors que s'intensifie la contestation visant la dynastie sunnite des Al-Khalifa.

"Le peuple de Bahreïn fait face à un réel danger, celui d'une guerre contre les citoyens bahreïnis sans déclaration de guerre", ont souligné les sept composantes de l'opposition, dont le Wefaq chiite, dans un communiqué.

"Nous considérons l'entrée de tout soldat, de tout véhicule militaire dans les espaces terrestre, aérien ou maritime du royaume de Bahreïn comme une occupation flagrante, un complot contre le peuple de Bahreïn désarmé, et une violation des (...) conventions internationales", a ajouté l'opposition.

Plus d'un millier de soldats saoudiens sont déjà arrivés à Bahreïn, selon un responsable saoudien lundi sous couvert de l'anonymat.

Les autorités bahreïnies ne l'ont pas confirmé officiellement, mais la télévision d'Etat a diffusé des images montrant "l'avant-garde" d'un contingent de la force commune des pays du Golfe en train d'entrer à Bahreïn en provenance d'Arabie saoudite.

Ryad a indiqué avoir "répondu à une demande de soutien de Bahreïn", dans un communiqué du gouvernement, qui indique réagir à une menace sur la sécurité.

Les Emirats arabes unis ont de leur côté envoyé "environ 500 policiers" pour aider les autorités à restaurer l'ordre, a annoncé à Paris le ministre des Affaires étrangères des Emirats, cheikh Abdallah ben Zayed, avant une rencontre avec Hillary Clinton.

La présidence américaine a appelé lundi les pays du Golfe à "faire preuve de retenue, à respecter les droits des Bahreïnis, et à agir de manière à soutenir le dialogue au lieu de le saper".

Ce déploiement intervient après une intensification de la mobilisation de manifestants chiites qui bloquaient lundi les accès du centre de Manama, où se trouvent le quartier d'affaires et des bâtiments publics, selon un correspondant de l'AFP.

La ville est quasiment paralysée par une grève générale lancée à l'appel des syndicats pour protester contre la répression de manifestations.

Dimanche, les manifestants ont été dispersés par la police devant le district financier de Bahreïn, centre bancaire régional et archipel stratégique qui accueille la Ve Flotte américaine.

Dans son communiqué, l'opposition a appelé la communauté internationale à "protéger le peuple de Bahreïn du danger d'une intervention militaire" et à "convoquer pour cela le Conseil de sécurité" de l'ONU.

Les soldats arrivés à Bahreïn font partie de la force commune du Conseil de coopération du Golfe (CCG), appelée "Bouclier de la péninsule", mise en place en 1984.

Toute force du CCG déployée dans un pays membre "passe sous l'autorité du pays hôte", a souligné le responsable saoudien anonyme, laissant entendre qu'il revient à Bahreïn de décider ou non de la faire participer au maintien de l'ordre.

Bahreïn est relié par un pont-digue à l'Est de l'Arabie saoudite, chef de file du CCG, groupement des monarchies arabes du Golfe dont fait partie Bahreïn et qui comprend aussi les Emirats arabes unis, le Qatar, Oman et le Koweït.

Le CCG a exprimé plus d'une fois sa solidarité avec les autorités bahreïnies qui font face à une contestation grandissante depuis mi-février. Il a décidé le 10 mars de créer un fonds de développement de 20 milliards de dollars pour aider Bahreïn et Oman, autre pays en proie à des manifestations.

A Bahreïn, les activistes réclament des réformes politiques et une véritable monarchie constitutionnelle. Certains n'hésitent pas à demander le départ de la dynastie sunnite des Al-Khalifa qui gouverne ce pays dont la population autochtone est en majorité de confession chiite.

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