Nouvelle journée de violences en Libye, au Yémen et à Bahreïn
MONDE•Des dizaines de morts et de blessés ont été décomptés ce vendredi dans ces trois pays...C.C. avec Reuters
La flambée de violences que connaît le monde arabe depuis les révolutions tunisiennes et égyptiennes n’est pas prête de s’arrêter. La Libye, le Yémen et Bahreïn ont été à nouveau le théâtre de violents accrochages ce vendredi entre manifestants et forces de l’ordre provoquant la préoccupation de Barack Obama qui a exhorté les autorités de ces pays «à faire preuve de modération dans leur réponse aux protestations pacifiques et à respecter les droits de leurs peuples».
Au moment où des millions d'Egyptiens fêtaient la «révolution du Nil» qui a chassé du pouvoir Hosni Moubarak il y a tout juste une semaine, des manifestants inspirés par leur succès étaient ainsi engagés dans des luttes de plus en plus violentes avec leurs gouvernants autoritaires dans d'autres pays arabes.
L’armée tire sur les manifestants à Bahreïn
A Bahreïn, des dissidents ont été pris pour cibles à Manama près de la place de la Perle, a dit l'ancien député chiite Sayed Hadi, membre du bloc d'opposition chiite Wefak qui a démissionné du Parlement jeudi. «Nous pensons que c'était l'armée», a déclaré Sayed Hadi en faisant état d'au moins 23 blessés.
Les tirs de ce vendredi intervenaient lors d'une journée de deuil durant laquelle des milliers de chiites ont enterré quatre des leurs tués place de la Perle. Ils coïncidaient aussi avec un appel au calme et au dialogue lancé à la télévision nationale par le prince héritier, le cheikh Salman Hamad al Khalifa.
Plusieurs morts au Yémen
Au Yémen, quatre personnes au moins ont été tuées et des dizaines d'autres blessées lors d'accrochages dans plusieurs villes entre les forces de sécurité et des manifestants qui réclamaient la fin du régime du président Ali Abdallah Saleh. Selon la chaîne de télévision Al-Jazira, trois protestataires ont été tués et des dizaines d'autres blessés au cours d'une fusillade à Aden, dans le sud du pays.
Des dizaines de milliers d'opposants se sont aussi rassemblés dans la ville de Taïz, à 200 km au sud de la capitale, Sanaa. Un homme y a été tué et sept autres personnes ont été blessées par une grenade lancée d'une voiture contre un rassemblement de l'opposition, ont rapporté des témoins.
Forte répression en Libye
En Libye, le régime du dirigeant Mouammar Kadhafi a riposté avec force à des manifestations de rue sans précédent, en particulier dans la province rétive de Cyrénaïque. L'ONG internationale Human Rights Watch a fait état ce vendredi d'au moins 24 morts ces dernières 48 heures, mais les organisations d'opposition et d'exilés avancent des bilans beaucoup plus lourds, pour le moment invérifiables.
L'armée s'est déployée ce vendredi à Benghazi, où les jeunes qui s'insurgent contre Kadhafi, au pouvoir depuis 41 ans, s'inspirent ouvertement des mouvements de Tunisie et d'Egypte. A Genève, deux groupes d'exilés libyens ont annoncé que la ville d'Al Baïda, à 200 km au nord-est de Benghazi, était tombée «aux mains du peuple» après le ralliement d'une partie de ses policiers au soulèvement populaire. Mais ces deux groupes, citant leurs contacts sur place, ont précisé ultérieurement que les milices paramilitaires du régime avaient reçu des renforts. Epaulées par des chars, elles s'efforcent de reprendre le contrôle d'Al Baïda aux émeutiers.