Egypte: Moubarak reste mais délègue des pouvoirs, ElBaradei estime que le pays «va exploser»
CRISE•Après dix-sept jours de manifestations...Bérénice Dubuc
Dernière info (23h50): Sameh Shoukry, l'ambassadeur égyptien auprès des Nations unies déclare sur CNN: Moubarak «a transféré tous ses pouvoirs, conformément à la Constitution, au vice-président». Selon lui, Souleimane est «de facto le chef de l'Etat».
Les diplomaties britannique et américaine ont indiqué qu'elles cherchaient à «préciser» quels pouvoirs Moubarak avait exactement délégués. Sur Twitter, Mohamed ElBaradei a averti: «L'Egypte va exploser». Il appelle l'armée «à sauver le pays maintenant».
Obama a réagi par commiuniqué. Selon lui, «la population égyptienne a été informée d'un transfert de l'autorité, mais on ignore si cette transition est immédiate, significative ou suffisante». Il appelle Moubarak à lever «immédiatement» l'état d'urgence.
Un peu plus tôt, Hosni Moubarak a livré un discours confus. Les manifestants ne retiennent qu'une chose: le président égyptien s’accroche à son fauteuil.
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Dans son allocution télévisée, il a annoncé qu’il allait déléguer des pouvoirs au vice-président, Omar Souleimane, conformément à la Constitution. Il a aussi annoncé «l'abrogation de différents articles de la Constitution», qui permettra une réforme des conditions de candidature à la présidence, de la durée des mandats, des élections ou encore de la transparence du scrutin.
Cependant, il a redit qu'il ne se présentera plus à l'élection présidentielle, et qu’il garantit «la passation du pouvoir à celui qui sera choisi par le peuple en septembre prochain, après des élections libres, honnêtes et transparentes». Selon lui, «le pays se dirige vers un transfert pacifique du pouvoir, dès ce jeudi et jusqu’à l’élection de septembre», ce qui répond aux revendications des manifestants.
Mécontentement
Mais ces derniers, dont le nombre n’a cessé de croître ce jeudi en fin de journée sur la place Tahrir, n’ont pas manqué de montrer leur mécontentement. Ils ont brandi des chaussures, scandé «à bas, à bas Hosni Moubarak!» et «dégage, dégage!», ulcérés par le fait que le président ne démissionne pas ainsi qu'ils le réclament, mais se contente d'annoncer une délégation de pouvoirs.
A son tour, le vice-président Omar Souleimane s’est adressé aux Egyptiens, à qui il a promis de tout «mettre en œuvre pour garantir la transition pacifique du pouvoir». Il les a ensuite appelés à «rentrer chez eux, et à retourner au travail», car l'Egypte a besoin de leur bras pour «construire, développer et créer». Mais la place Tahrir n’a pas désempli après les deux discours, preuve que les manifestants ne désarment pas.