Tunisie: Un nouveau gouvernement d'union nationale a été formé
MONDE•Six ministres du président Ben Ali conservent leur poste, trois opposants font leur entrée...C.C. avec Reuters
Trois jours après la fuite précipitée du président Ben Ali, la composition d'un gouvernement d'union nationale, doté de 19 ministres, a été dévoilée ce lundi à Tunis par le Premier ministre Mohamed Ghannouchi, qui conserve donc son poste.
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Malgré les appels des manifestants qui réclamaient la mise à l'écart du parti présidentiel, le Rassemblement constitutionnel démocratique (RCD), six membres du gouvernement de l'ex-président conservent leur poste dont les ministres de l'Intérieur, Ahmed Kriaâ, de la Défense, Ridha Grira, des Affaires étrangères, Kamel Morjane, et des Finances, Ridha Chalghoum.
Trois opposants intégrés au nouveau gouvernement
Cependant, trois opposants font leur entrée au sein du gouvernement d'unité nationale: Najib Chebbi, chef de file du Parti démocratique progressiste (PDP) qui prend le poste de ministre du Développement régional, Moustapha Ben Jaafar, président du Forum démocratique pour le travail et la liberté (FDTL), qui devient ministre de la Santé, et le ministère de l'Enseignement supérieur revient à Ahmed Ibrahim, du parti Ettajdid.
A noter que le controversé ministère de la Communication a été supprimé et qu'un célèbre blogueur tunisien, Slim Amamou, a été nommé secrétaire d'Etat chargé de la Jeunesse. Le chef du gouvernement a également procédé à la nomination d'un nouveau directeur à la tête de la Banque centrale de Tunisie, en la personne de Moustafa Kamel Nabli.
Libération des prisonniers politiques, partis politiques légalisés
Par ailleurs, le Mohamed Ghannouchi, dont le gouvernement gèrera les affaires courantes jusqu'à la tenue de prochaines élections, a également annoncé la prochaine libération de tous les prisonniers politiques et la levée de l'interdiction d'activité de la Ligue des droits de l'Homme. Tous les partis politiques qui le demandent seront légalisés, a-t-il assuré par ailleurs, d'après BFM TV.
«Nous sommes résolus à accroître nos efforts pour rétablir le calme et la paix dans le coeur de tous les Tunisiens. Notre priorité, c'est la sécurité, ainsi que les réformes politiques et économiques», a expliqué le Premier ministre. Mais à Paris, l'opposant Moncef Marzouki a réagi en dénonçant une «fausse ouverture».
Une «espèce de mascarade» selon Moncef Marzouki
«Je suis indigné, parce qu'on se moque de l'intelligence des Tunisiens et inquiet sur l'avenir de la Tunisie», a dit sur i-Télé le dirigeant du Congrès pour la république, qui vit en exil en France. Marzouki, qui avait laissé entendre qu'il serait candidat à la future élection, a estimé que sa candidature était «momentanément» remise en cause.
«Je pense que le peuple tunisien ne va pas se laisser faire par cette espèce de mascarade et que très vraisemblablement ce gouvernement devra accepter le verdict du peuple, pour que ce soit un vrai gouvernement d'union nationale, ce qui n'est pas le cas actuellement», a-t-il expliqué.