Tuerie de Tucson: Sarah Palin se défend
ETATS-UNIS•Celle qui pourrait briguer l'investiture républicaine écarte l'idée que la violence du débat politique ait pu jouer un rôle dans le drame de samedi...Philippe Berry
De notre correspondant à Los Angeles
Elle sort de son silence. Quatre jours après la tuerie de Tucson –et alors que beaucoup dénoncent la violence actuelle du discours politique– Sarah Palin a publié une vidéo sur sa page Facebook, mercredi, dans laquelle elle défend «la liberté d'expression» et dénonce toute tentative de récupération politique de la tragédie.
«Parfois, la responsabilité d'un acte monstrueux incombe à son seul auteur et pas à la société», explique-t-elle, citant son mentor Ronald Reagan. Pour Sarah Palin, «les journalistes et les commentateurs ne devraient pas fabriquer une diffamation entachée de sang (blood libel), qui ne sert qu'à inciter à la haine et à la violence qu'ils tentent de condamner».
Elle réfute toute «responsabilité collective» et nie que sa fameuse carte des sièges démocrates à reconquérir ait pu avoir un impact. Y figuraient en effet les circonscriptions de 20 candidats marqués d'un viseur de fusil, dont celle de Gabrielle Giffords, touchée à la tête samedi, et qui se trouve toujours dans un état critique.
«Candidats à abattre»
Selon de nombreux commentateurs, la carte ressemblait à une «hit list» des candidats à abattre. Mais pour Sarah Palin, «les deux camps» utilisent de tels graphiques lors des campagnes. Elle demande: «A quelle époque le débat politique a-t-il été plus apaisé? Quand les désaccords se réglaient dans des duels au pistolet?» De son côté, la républicaine Sharron Angle a régulièrement répété que si Washington continuait de ne pas écouter la voix des Américains, le seul recours serait le 2nd amendement –qui autorise chaque citoyen à posséder des armes.
La plupart des critiques sont venues des médias et des démocrates. Mardi, Tim Pawlenty, un républicain modéré, potentiel candidat à l'investiture républicaine, a cependant confié au New York Times qu'il n'aurait «pas publié» une telle carte. Il rappelle malgré tout que si l'enquête est en cours, le tueur présumé, Jared Loughner, ne semble pas avoir été motivé par des convictions politiques. Palin, Pawlenty, chacun place déjà ses pions pour 2012.