Iran: Sakineh Mohammadi Ashtiani n'a pas été libérée
IRAN•Les images, trompeuses, étaient en fait une reconstitution à son domicile tournée dimanche dernier...Philippe Berry
Le communiqué de presse de la chaîne d'Etat iranienne PressTV publié dans la nuit de jeudi à vendredi a douché les espoirs nés quelques heures plus tôt. «Contrairement à une vaste campagne de publicité des médias occidentaux […] indiquant que Sakineh Mohammadi Ashtiani avait été libérée, une équipe de PressTV a conclu un accord avec les autorités judiciaires iraniennes pour conduire Ashtiani dans sa maison et procéder à une reconstitution du meurtre sur les lieux du crime», indique le communiqué.
Dans l'émission qui sera diffusée ce vendredi à 22h30 (heure française), la chaîne promet «de faire toute la lumière sur le meurtre avec de multiples interviews», notamment du fils de Sakineh et de son avocat.
«Propagande occidentale»
L'annonce, quelques heures plus tôt, de la libération de Sakineh par le Comité international contre la lapidation, fait partie, selon Téhéran, «d'une propagande occidentale cherchant à saper l'autorité du régime iranien», indique la chaîne.
Jeudi soir, l'ONG avait indiqué avoir reçu «la nouvelle de la libération» de Sakineh, mais appelait à la prudence. Puis, les images de cette iranienne de 43 ans condamnée à mort pour double adultère et pour avoir participé au complot qui a mené à la mort de son mari ont ajouté à la confusion. Les images ont en fait été tournées dimanche dernier.
«Informations contradictoires»
Dans la nuit, le Comité international contre la lapidation a publié une rétractation. «Mercredi, nous avons été informés d'une libération imminente. Les images publiées jeudi ont donné l'impression» que Sakineh, son fils et son avocat «avaient été libérés». «Mais l'annonce de leur libération n'a pas été confirmée par la Républicaine iranienne». L'ONG rappelle que depuis le début de l'affaire «des informations contradictoires ont circulé dans les agences de presse iraniennes».
Sakineh est déjà apparue à deux reprises à la télévision, procédant à des aveux partiels avant de se rétracter. Son avocat avait affirmé qu'elle avait été torturée. Alors que la scène internationale s'est indignée –de nombreux pays dénonçant des méthodes «médiévales»– un haut responsable iranien avait indiqué à la fin du mois dernier qu'il y avait «une bonne chance» que la vie de Sakineh Mohammadi Ashtiani soit épargnée.