Mission de médiation sud-africaine en Côte d'Ivoire
AFRIQUE•L'ancien président sud-africain Thabo Mbeki est arrivé dimanche dans le pays...M.P. avec Reuters
Statu quo dimanche en Côte d’Ivoire, qui a toujours deux présidents à sa tête, Laurent Gbagbo et Alassane Ouattara. La situation est explosive et la communauté internationale est inquiète. L'ancien président sud-africain Thabo Mbeki est arrivé dimanche dans le pays pour une mission de médiation. Sa mission est complexe: résoudre pacifiquement la crise politique qui menace d’exploser, a précisé l'ambassadrice d'Afrique du Sud en Côte d'Ivoire, Zodwa Lallie. L'élection qui devait permettre au pays de tourner la page sur une décennie de crise a accentué au contraire les clivages dans le pays.
«Une situation comme le Rwanda ou le Kenya serait un cauchemar, que nous cherchons à éviter en faisant tout notre possible», a expliqué la diplomate, qui relève des analogies avec les élections au Kenya en 2007, lors desquelles les résultats contestés avaient rapidement dégénéré en un bain de sang qui avait fait au moins 1.300 morts et déplacé des centaines de milliers d'habitants.
Rencontre avec les deux protagonistes
Dès son arrivée, Thabo Mbeki a été reçu par Laurent Gbagbo au palais présidentiel d'Abidjan. Il devait ensuite rencontrer Alassane Ouattara à l'Hôtel du Golfe, sous protection des casques bleus, où l'opposant s'est installé. Thabo Mbeki a quelques atouts dans sa manche. Contrairement à d’autres pays, l’Afrique du Sud ne s’est pas prononcé aussi fortement contre Laurent Gbagbo. Par ailleurs l’ancien président connaît bien le dossier ivoirien puisqu’il a déjà entrepris naguère d'autres efforts pour résoudre le conflit ivoirien.
Pour l’instant, le climat est tendu mais la situation n’a pas explosé. Entre les deux tours puis pendant l'attente des résultats, quinze personnes au moins ont été tuées dans des violences liées au scrutin. Dans plusieurs villes du pays, comme Abidjan ou Bouaké dans la partie nord, des manifestations ont eu lieu samedi, dégénérant parfois, sans faire de victimes.
Ouattara reconnu par la communauté internationale
La Commission électorale indépendante (CEI) a proclamé jeudi soir Alassane Ouattara vainqueur du second tour de la présidentielle avec 54,1% des suffrages. Mais le Conseil constitutionnel, qui a le dernier mot, a inversé le résultat en proclamant vendredi Gbagbo réélu avec 51% des voix.
Or, le résultat annoncé par la CEI avait été certifié par le représentant de l'Onu en Côte d'Ivoire, Y. J. Choi, qui avait reçu des copies des décomptes de pratiquement tous les bureaux de vote. Le secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon, a salué en Ouattara le véritable vainqueur du scrutin. Barack Obama lui a adressé ses félicitations dès vendredi soir etNicolas Sarkozy a parlé de l'élection «incontestable» de l'ancien Premier ministre.
Si rien ne bouge, le climat pourrait devenir irrespirable. Le commandant des Forces nouvelles, Chérif Ousmane, a averti que ses partisans ne «resteraient pas les bras croisés longtemps» si Gbagbo continuait de détenir le pouvoir.