CONFLITKirghizstan: l'ex-dictateur serait à l'origine des violences

Kirghizstan: l'ex-dictateur serait à l'origine des violences

CONFLITDes scènes de massacre se sont déroulées dans les rues de Och, dans le sud du pays...
faustine vincent

faustine vincent

Les violences se sont poursuivies lundi dans le sud du Kirghizstan, faisant au moins 124 morts et 1.700 blessés. Les affrontements ont été très violents à Och, la deuxième ville du pays. Des coups de feu ont éclaté, des corps calcinés étaient visibles dans les rues et des maisons ont été incendiées. A Djalalabad, une autre ville près de la frontière ouzbeke, la situation restait aussi tendue.

Le clan Bakiev à la manœuvre

Les violences interethniques ont éclaté vendredi à Och entre des Kirghiz et la minorité ouzbeke (15 à 20% de la population). Elles ont jeté des milliers de personnes sur la route. Quelque 45.000 réfugiés adultes sont déjà enregistrés en Ouzbékistan, qui a fermé sa frontière lundi et appelé à l'aide humanitaire internationale. Beaucoup rapportent que des bandes armées constituées de Kirghiz et soutenues par des hommes des forces régulières ont massacré les Ouzbeks. «Ils violaient les femmes, ils mettaient le feu aux maisons. Mon mari et mon frère nous ont amenés à la frontière où il y avait beaucoup de corps», a raconté à l'AFP Nargyza, une réfugiée.

>> Le Kirghizstan, un pays rongé par les tensions régionalistes et les intérêts russo-américains

Selon David Gaüzere, spécialiste du Kirghizstan, ces violences interethniques sont orchestrées à distance par le richissime clan de l'ex-dictateur Kourmanbek Bakiev, chassé du pouvoir par un soulèvement populaire en avril et réfugié en Biélorussie. «Des conversations téléphoniques de son fils Maxime, et de son frère Janish [liés aux réseaux mafieux], enregistrées à leur insu et diffusées sur YouTube, montrent qu'ils avaient tout planifié», explique-t-il. Leur objectif: attiser la haine ethnique, cristallisée sur la question du partage des terres, pour «pourrir la situation» et permettre le retour au pouvoir de Bakiev dans le sud du pays. Selon Gaüzere, ces violences viseraient à compromettre le référendum du 27 juin sur une république démocratique et parlementaire.

Mobilisation

Lundi, la communauté internationale a commencé à se mobiliser. La chef de la diplomatie européenne, Catherine Ashton, a décidé d'envoyer un émissaire en Asie centrale. Et l'ODKB, une alliance militaire de pays de l'ex-URSS, devait discuter de l'envoi d'une force de réaction rapide. Les violences constituent une menace pour les intérêts américains et russes dans ce pays stratégique d'Asie centrale, où les deux grandes puissances ont chacune une base militaire.