AfriqueL’Ethiopie, premier pays à interdire l’importation de véhicules essence

Voiture électrique : L’Ethiopie, premier pays au monde à interdire l’importation de véhicules essence et diesel

AfriqueDepuis janvier, l’Ethiopie est le premier pays du monde à interdire l’importation de véhicules à essence ou diesel, pour développer l’électrique
Achille Dupas

A.D.

Il est aujourd’hui interdit d’importer un véhicule à essence ou diesel en Ethiopie. L’objectif est de pousser les habitants du second pays le plus peuplé d’Afrique à se mettre à l’électrique. Une première mondiale.

En vigueur depuis janvier, cette règle imposée par le ministère des Transports et de la Logistique vise d’abord à réaliser des économies. « Le décret doit d’abord nous aider à rationaliser nos dépenses en devises étrangères », explique dans Le Monde Yizengaw Yitayih, expert au sein du ministère. En effet, le pays dépense chaque année plusieurs milliards pour importer de l’essence.

Une seule borne de recharge publique

Le second objectif de cette transition est écologique. Comme l’explique le quotidien, le Premier ministre Abiy Ahmed, au pouvoir depuis 2018, cherche à impulser une transition écologique, parfois radicale. Ce dernier a par exemple inauguré le plus grand barrage hydraulique d’Afrique, ou encore fait planter 5 milliards d’arbres pour reboiser le pays.

Pour l’analyste éthiopien Samson Berhane, cette décision est « prématurée ». « Le pays n’est pas préparé à cette transition. Il n’y a qu’une borne de recharge publique et seulement deux garages spécialisés dans tout le pays. » Les pièces détachées sont également difficiles à se procurer, en partie parce que beaucoup d’automobilistes se tournent vers des véhicules de marques chinoises peu connues. Peu d’enseignes privées sont dotées de bornes de recharge.

Du fait du manque d’infrastructures, de nombreux Éthiopiens, comme le chef d’entreprise Yekenalem Abebe, sont obligés de recharger les batteries de leur véhicule à domicile, au gré des coupures de courant.

Un potentiel retour en arrière en 2026 ?

Malgré les importations, « la grande majorité des consommateurs préfèrent encore acheter des véhicules essence. Ils se retrouvent avec des stocks entiers d’invendus », détaille un expert financier éthiopien auprès du Monde. Le gouvernement prévoit pourtant 440.000 véhicules en circulation d’ici à 2030.

Mais l’interdiction d’importation de véhicules à essence ou diesel pourrait être levée dans le cadre des négociations pour l’adhésion de l’Ethiopie à l’Organisation mondiale du commerce (OMC). S’il y parvient, ce qu’il vise pour 2026, le pays sera obligé de revoir sa législation pour se conformer aux règles de la concurrence de l’OMC.