Mexique : Première femme présidente, relations avec les Etats-Unis… Les enjeux de la présidentielle
élection•Près de 100 millions d’électeurs sont appelés aux urnes dimanche au Mexique, où, pour la première fois, une femme est favorite20 Minutes avec AFP
Le scrutin de dimanche pourrait se révéler historique pour le Mexique. Pour la première fois, une femme est favorite, tandis que des incertitudes subsistent sur les relations entre ce pays d’Amérique centrale et les Etats-Unis, le voisin américain étant lui aussi amené à désigner un président cette année.
« Ce 2 juin nous allons entrer dans l’histoire », a lancé mercredi la favorite, la candidate de la gauche au pouvoir Claudia Sheinbaum, lors de son rassemblement de fin de campagne devant des dizaines de milliers de personnes à Mexico. « C’est le temps des femmes et de la transformation. Cela signifie vivre sans peur et libres de la violence », a-t-elle ajouté à l’attention des Mexicaines, qui dénoncent à l’unisson une société machiste.
Portée par la popularité du président sortant Andres Manuel Lopez Obrador, l’ex-maire de Mexico, 61 ans, a constamment devancé dans les sondages sa rivale de centre-droit Xochitl Galvez, 61 ans également.
Claudia Sheinbaum est créditée de 53 % des intentions de vote, contre 36 % pour Xochitl Galvez, d’après la moyenne des enquêtes réalisées par la société Oraculus.
Une campagne marquée par l’insécurité
Cheffe d’entreprise issue d’un milieu modeste, Xochitl Galvez a attaqué sa rivale sur le bilan sécuritaire du gouvernement sortant, parlant de « 186.000 personnes assassinées et 50.000 personnes disparues » depuis le début du mandat du président Andres Manuel Lopez Obrador en décembre 2018.
La campagne a été entachée par l’assassinat de 24 candidats à des mandats locaux, d’après les chiffres officiels.
Loin derrière les deux favorites, le candidat centriste Jorge Alvarez Maynez, 38 ans, fait figure d’outsider pour cette élection à un tour (12 % des intentions de vote selon Oraculus).
Claudia Sheinbaum s’est engagée à poursuivre les politiques sociales du président sortant et de son Mouvement pour la Régénération nationale (Morena). Pendant le gouvernement de celui-ci, 8,9 millions de personnes sont sorties de la pauvreté qui touche encore 36,3 % des 129 millions de Mexicains, selon le Conseil national pour l’évaluation de la politique de développement social (CONEVAL).
La présidentielle est le principal enjeu mais pas le seul des plus grandes élections jamais organisées au Mexique, avec également le renouvellement du Congrès et du Sénat, l’élection des gouverneurs dans neuf Etats sur 32, et d’une myriade d’élus locaux. En tout, 20.000 postes sont à pourvoir.
Première interrogation : si elle est élue présidente, l’ex-maire de Mexico va-t-elle encore disposer d’une majorité au Congrès et au Sénat ? D’une majorité simple ou plus élargie ?
Deuxième question : la gauche va-t-elle conserver son fief depuis 25 ans, la capitale du Mexique, dirigée par Claudia Sheinbaum de 2018 à 2023, et par le président sortant Lopez Obrador dans les années 2000 ?
Aux élections intermédiaires de 2021, Morena avait perdu la majorité absolue au Congrès et six des 16 districts de Mexico.
Trump ou Biden de l’autre côté de la frontière ?
Troisième inconnue : qui sera l’interlocuteur de la « presidenta » aux Etats-Unis, avec qui le Mexique entretient une relation bilatérale d’une intensité sans égale (commerce, migration, lutte contre le trafic de drogues et d’armes) ?
La future présidente, qui prendra ses fonctions le 1er octobre, devra attendre la réponse jusqu’au 5 novembre, date du « match retour » annoncé entre le président démocrate Joe Biden et l’ex-président républicain Donald Trump, dont l’impact politique de la condamnation prononcée jeudi reste encore à déterminer.
« Je pense que nous aurons de bonnes relations, que cela soit avec Trump ou Biden. Ils ont besoin de nous. Nous avons besoin d’eux », a déclaré Claudia Sheinbaum à des journalistes étrangers dont l’AFP mi-mai.
L’élection au Mexique va marquer le retrait du président sortant Andres Manuel Lopez Obrador, qui a installé la gauche au pouvoir. En rupture avec le tout répressif, il a choisi de s’attaquer aux causes de la délinquance, avec des programmes sociaux à destination des jeunes. Claudia Sheinbaum veut poursuivre cette politique, tout en luttant contre « l’impunité ».
La présidente trouvera un pays dont l’économie devrait croître de 2,2 %, portée par le retour des usines le long de la frontière avec les Etats-Unis et l’augmentation du salaire minimum.