Pakistan : Des milliers d’enfants contaminés par une vaste épidémie de VIH
santé•« Le Figaro » publie une enquête sur « le plus grand scandale sanitaire du Pakistan moderne » qui touche des milliers d’enfants contaminés au virus du VIHM.B.
Un récit qui glace le sang. Depuis le début de l’année 2019, des milliers d’enfants ont été contaminés au virus de l’immunodéficience humaine (VIH), relate Le Figaro, dans une longue enquête sur « le plus grand scandale sanitaire du Pakistan moderne. »
C’est un urologue, le Dr Imran Arbani, qui a levé le voile sur ce scandale après des examens sur des enfants de moins de cinq ans dont les symptômes évoquaient la séropositivité au virus du sida, dans la ville de Ratodero. Un journaliste local, dont la propre fille de quatre ans a été contaminée, a alors enquêté et constaté que des centaines d’enfants étaient atteints du VIH dans cette localité de 280.000 habitants de la province du Sind.
« Pratiques illégales de la médecine »
Les patients contaminés avaient, pour beaucoup d’entre eux, fréquenté la clinique du pédiatre Muzaafar Ghanghro, ou bien l’une des innombrables cliniques privées installées dans de vieux garages sales et insalubres du centre-ville. La plupart des infections seraient ainsi dues « à des pratiques illégales de la médecine par des personnes non qualifiées munies de faux diplômes » assure le Dr Zafar Mirza, représentant de l’OMS (Organisation mondiale de la santé). Dans les hôpitaux, des médecins procéderaient quant à eux « à des injections dont 95 % sont inutiles, qui favorisent la propagation de virus transmissibles par le sang » poursuit le Dr Zafar Mirza.
Ce n’est pas tout. A Ratodero, des centaines de seringues usagées, d’aiguilles et de poches de sang sont jetées par les propriétaires des cliniques dans la rue, où des gamins jouent fréquemment, révèle encore l’enquête du Figaro. Le virus du sida est extrêmement répandu au Pakistan, qui compte 165.000 cas selon l’ONU, pour 231 millions d’habitants.
Quelque 300 cabinets médicaux fermés
Lui-même atteint du sida, le Dr Ghanghro a été désigné comme l’unique cause de l’épidémie et écroué. La commission pour la santé du Sind a par ailleurs été chargée de fermer les établissements qui ne respectent pas les normes élémentaires. Quelque 300 cabinets médicaux ont ainsi été mis hors service. Cependant, le nombre d’enfants malades continue d’augmenter, jusque dans les zones rurales du pays.
Le Dr Arbani a envoyé plusieurs rapports aux responsables de santé pour proposer des soins appropriés et une meilleure gestion de l’infection. En vain. En 2023, seulement deux médecins se relayaient pour soigner les 2.000 enfants inscrits à l’hôpital de Ratodero. Les enfants pauvres continuent de mourir dans l’indifférence générale.