Des activistes israéliens ont-ils attaqué des ressources humanitaires destinées à Gaza ?
FAKE OFF•Des vidéos montrant des camions de ressources humanitaires vandalisés circulent sur les réseaux sociaux. 20 Minutes fait le pointMathilde Fulleringer-Roy
Depuis plusieurs jours, une série de vidéos sur lesquelles des personnes s’attaquent à des ressources humanitaires tourne sur les réseaux sociaux.
Sur cet enregistrement, des hommes décrits comme « activistes israéliens de droite » jettent et détruisent des denrées humanitaires destinées à Gaza, dans la ville de Tarqumiya. Barak Ravid, journaliste pour Axios, qui a posté la vidéo sur son compte X, assure à 20 Minutes la véracité de celle-ci sans citer ses sources.
Suite à la publication de plusieurs vidéos, les forces de l’ordre israéliennes ouvrent alors une enquête, qui « abouti à l’arrestation de plusieurs suspects », précise le porte-parole de la police israélienne dans un communiqué. 20 minutes mène aussi l’enquête.
Qui sont les saboteurs ?
The Times of Israël, AllIsraëlnews… De nombreux médias israéliens accusent l’organisation Tsav 9 d’être à l’origine de ces attaques. En effet, le mouvement est familier de ces actions et certains de ses membres se positionnent publiquement contre « l’acheminement d’aide humanitaire vers la bande de Gaza », déclare Hana Giat, avant le retour des otages.
Rachel Touitou, également membre, va plus loin. « Le but est de bloquer des convois humanitaires qui arrivent à 70 % dans les mains du Hamas », déclare-t-elle au micro du média Qualita. Elle justifie : « Nous ne sommes pas là pour affamer les Gazaouis, mais nous ne pouvons pas continuer d’alimenter notre ennemi ». Au moins sept camions en provenance de Cisjordanie ont été vandalisés, « envoyés par l’UNRWA » et contenants « du matériel médical, de la farine, des denrées alimentaires et du carburant », explique Rachel Toitou. Selon elle, ce carburant est le problème car il servirait au Hamas.
Cette déclaration est nuancée par Johnathan Fowler, porte-parole à l’UNRWA (Office de Secours et de Travaux des Nations Unies pour les Réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient), qui explique que les denrées humanitaires envoyées sont déjà contrôlées par les autorités israéliennes. Variables d’un jour à l’autre, certaines d’entre elles peuvent poser problème, comme les anesthésies, les lampes solaires, le carburant ou les ciseaux des kits médicaux. Elles sont alors retirées des convois.
« Dans chaque conflit, les couloirs humanitaires sont autorisés » explique le porte-parole. Il développe : « Les denrées arrivent par avion en Cisjordanie, traversent Israël pour arriver à la bande de Gaza ». Ce qui explique pour le camion a été attaqué dans une ville de Cisjordanie alors qu’il se dirigeait vers la bande de Gaza.
Une « véritable famine »
La bande de Gaza est frappée par une « véritable famine », qui progresse vers le sud du territoire palestinien, alertait début mai la directrice du Programme alimentaire mondial (PAM), Cindy McCain. L’aide internationale, strictement contrôlée par Israël, arrive au compte-gouttes, principalement d’Egypte via Rafah, mais reste très insuffisante face aux immenses besoins des 2,4 millions de Gazaouis.
500, c’est le nombre de camions nécessaires par jour pour couvrir besoin de survie de la population selon Johnathan Fowler, de l’UNRWA, « alors qu’avant les vandalisations, 200 passaient à peine par jour ». Ce bureau des Nations Unies peine à remplir la mission pour laquelle il a été conçu, « en réponse à la crise des réfugiés de Palestine qui dure depuis 76 ans une vocation humanitaire », précise son porte-parole.