Ecosse : Faute de coalition, le Premier ministre indépendantiste Humza Yousaf démissionne
good bye•Humza Yousaf n'a pas réussi à créer une nouvelle coalition de gouvernement après s’être fâché avec ses alliés Verts20 Minutes avec AFP
Humza Yousaf renonce. Le Premier ministre indépendantiste écossais a démissionné lundi, incapable de créer une nouvelle coalition de gouvernement après s’être fâché avec ses alliés des Verts. Son départ prochain – il restera en poste jusqu’à la désignation d’un successeur – est une nouvelle épreuve pour son parti, le SNP, qui peine à se remettre de la démission surprise de l’ancienne Première ministre Nicola Sturgeon l’an dernier, au moment où la cause indépendantiste s’essouffle.
Des motions de défiance
S’exprimant depuis sa résidence officielle de Bute House à Edimbourg, le dirigeant de 39 ans a reconnu son échec et a estimé que dépasser les divisions actuelles « ne peut être fait que par quelqu’un d’autre à la barre ». Après sa décision de mettre fin à son alliance avec les Verts écossais jeudi dernier, il faisait face à deux motions de défiance soutenues par de nombreuses formations d’opposition au Parlement, lui laissant peu d’espoir de sauver sa tête.
Premier dirigeant musulman à la tête d’un important parti politique au Royaume-Uni, Humza Yousaf avait été élu en mars 2023 et incarnait la continuité avec sa prédécesseur, continuant de porter haut le combat pour l’indépendance de l’Ecosse malgré la popularité chancelante du SNP.
Lundi, il a défendu son choix de mettre fin à la coalition avec les écologistes, sur fonds de désaccord sur la politique environnementale du pays et sur une récente décision du gouvernement de suspendre la prescription de bloqueurs de puberté aux jeunes transgenres. « C’était la bonne décision pour le pays », a-t-il affirmé, même s’il a reconnu avoir « clairement sous-estimé le niveau de peine et de colère » qu’elle avait engendré.
Les « vrais sujets »
Le parlement a désormais 28 jours pour désigner un nouveau Premier ministre et le SNP, positionné à gauche, doit se trouver un nouveau chef capable de trouver de nouveaux alliés ou de diriger un gouvernement minoritaire. Parmi les noms évoqués figurent l’ancienne ministre des Finances sous Nicola Sturgeon, Kate Forbes, qui s’était inclinée face à Humza Yousaf l’an dernier, ou encore John Swinney, vice-Premier ministre de 2014 à 2023.
La dirigeante au Parlement du parti indépendantiste Alba, Ash Regan, s’est dit prête à travailler avec le prochain Premier ministre écossais, alors que Humza Yousaf avait rejeté toute alliance avec sa formation. A Londres, un porte-parole du Premier ministre Rishi Sunak a affirmé que le gouvernement britannique travaillerait avec le futur dirigeant « sur les vrais sujets qui intéressent les gens », citant l’économie, l’emploi et la sécurité énergétique.
Le Labour en embuscade
Plus jeune dirigeant à la tête du SNP, Humza Yousaf qui était salué pour ses talents de communicant, n’aura pas réussi à tourner la page Sturgeon. Ses treize mois au pouvoir, en pleine crise du coût de la vie, auront surtout été marqués par ses affrontements avec Londres, par exemple sur une loi écossaise sur le changement de genre, finalement bloquée par le gouvernement britannique, sur la position du Royaume-Uni dans le conflit entre Israël et le Hamas à Gaza, ou encore sur l’autorisation d’un important projet pétrolier en mer du Nord.
« Il savait que son temps était fini (…). Son autorité, qui n’avait jamais été forte depuis son arrivée à la tête du SNP, a progressivement décliné », a estimé auprès de l’AFP James Mitchell, professeur de sciences politiques à l’université d’Edimbourg.
Il estime aussi que les difficultés du SNP, menacé par le Labour en pleine ascension en Ecosse, viennent aussi de sa « négligence des problèmes quotidiens des gens » pour se focaliser sur sa lutte pour l’autodétermination de l’Ecosse.