Polygamie : Où en est la pratique dans le monde ?
Société•Bassirou Diomaye Faye, nouveau président du Sénégal, a été photographié officiellement avec ses deux épouses. Où en est la polygamie aujourd’hui dans le monde ?
Farah Birhadiouen
Un président, deux femmes. Bassirou Diomaye Faye, nouveau chef d’Etat du Sénégal, a posé aux côtés de ses deux épouses Marie Khone Faye et Absa Faye. Pratique légale au Sénégal, cette polygamie affichée est une première dans l’espace politique du pays. Et elle a amené nombre de questions sur l’état de la polygamie en 2024 ou dans quels pays est-elle autorisée. 20 Minutes a interrogé Djaïli Amadou Amal, romancière camerounaise finaliste du Prix Goncourt 2020 avec Les Impatientes, récit où sont abordés la polygamie et le mariage forcé.
Le Coran autorise la polygamie
En France, la polygamie est interdite, on ne peut se marier ou se pacser avec plusieurs partenaires. Ce qui n’est pas le cas au Sénégal où Bassirou Diomaye Faye a épousé Marie Khone il y a quinze ans, et Absa, il y a un peu plus d’un an. Cette pratique est en continuité avec le principe de polygamie légiférée par l’islam, selon Djaïli Amadou Amal. « On parle de polygamie à partir du moment où dans un mariage, l’homme décide de prendre une deuxième épouse. L’islam limite le nombre d’épouses à quatre [certains pays ne fixent pas de limite comme l’Arabie saoudite], mais conditionne la polygamie à l’observation par l’époux d’une équité parfaite entre les épouses. » Dès lors que la première femme donne son accord, un homme peut prendre une seconde épouse. Au Kénya, un homme peut se passer de l’accord de la première épouse.
Des pays musulmans ont aboli la polygamie, comme la Tunisie et la Turquie, d’autres tentent de la décourager avec leur code de la famille. Des pays asiatiques – outre ceux du Moyen-Orient – l’autorisent aussi comme le Cambodge ou l’Indonésie.
Pas qu’une affaire de religion
La polygamie n’est pas pratiquée que par des musulmans, le Cambodge – où le bouddhisme theravāda est religion d’État – l’autorise. Aux Etats-Unis, dans l’Utah, la polygamie est passible d’une amende mais n’est plus un délit. Elle est présente dans certaines ethnies en Afrique. « Ainsi, même les personnes qui se disent chrétiennes pratiquent tout de même la polygamie », souligne Djaïli Amadou Amal. Elle prend en exemple le Cameroun où, dès la signature de l’acte de mariage, les couples ont le choix entre un régime monogamique, excluant la polygamie, ou polygamique. « Comme la question est posée par le maire en présence de tous les invités, les femmes osent rarement demander la monogamie d’autant plus qu’elles seront mal vues dans la société », souligne-t-elle.
Et la polyandrie ?
Légale au Gabon et au Kenya, où elle est pratiquée par les Masaïs, la polyandrie, cas où c’est la femme qui a plusieurs maris, reste très marginale. L’idée a suscité des débats en Afrique du Sud lors de la mise à jour de ses lois sur le mariage en 2021. Le gouvernement proposait de légaliser la « polygamie féminine ». « Elle est défendue par les militants des droits de l’homme qui font campagne pour que la polyandrie soit légalisée au nom de l’égalité et du choix, car la loi autorise la polygamie », détaille Djaïli Amadou Amal.
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