Il a 44 ans depuis ce lundi et était encore en prison il y a quelques jours. Bassirou Diomaye Faye pourrait coiffer au poteau Amadou Ba, candidat du pouvoir en place qui se voyait déjà remporter le scrutin crucial du Sénégal. L’opposant antisystème parait, ce lundi, se rapprocher d’une victoire à la présidentielle. Un séisme politique.

« Vous allez voir un autre visage des Sénégalais et du Sénégal. Parce que c’est une révolution totale. Tout va changer. Du côté comportement, du côté social, du côté financier, tout va changer », a déclaré dimanche Coumba Diallo dite « Queen Biz », une chanteuse qui soutient Faye. Un Faye qui, devant les résultats séduisants, reste jusqu’ici silencieux.

« Le choix pour la rupture »

« Candidat du changement de système » et d’un « panafricanisme de gauche », Faye est proche de l’opposant Ousmane Sonko. Son programme insiste sur le rétablissement de la « souveraineté » nationale, bradée, selon lui, à l’étranger. Le quadra a promis de combattre la corruption et de mieux répartir les richesses. Il s’est aussi engagé à renégocier les contrats miniers, gaziers et pétroliers conclus avec des compagnies étrangères.

Il incarne « le choix pour la rupture », a dit de lui-même Faye en votant au côté de ses deux épouses dans son village de Ndiaganiao, dans l’ouest du pays. Diaraaf Gaye, commerçant de 26 ans, a « voté Diomaye sans réfléchir ». « Il est temps que le pays parte sur de nouvelles bases avec des jeunes » au pouvoir, assure-t-il.

Les électeurs ont fait la queue par dizaines ou par centaines dimanche devant différents bureaux, sans qu’aucune appréciation exacte de la participation (qui était de 66 % en 2019) ne soit fournie. Alors que quelque 7,3 millions d’électeurs étaient appelés à se prononcer, aucun incident notable n’a été rapporté. Nombreux sont ceux qui ont exprimé leur satisfaction de voter, après les troubles provoqués par le report de l’élection.

Le plus jeune président du Sénégal

Bassirou Diomaye Faye, bénéficiant d’une loi d’amnistie, est sorti de onze mois d’emprisonnement dix jours avant l’élection, en même temps que son guide et chef de leur parti dissous Ousmane Sonko. S’il l’emporte, il deviendrait le plus jeune président du Sénégal.

Le scrutin est ainsi suivi avec attention, le Sénégal étant considéré comme l’un des pays les plus stables d’une Afrique de l’Ouest secouée par les putschs. Dakar maintient des relations fortes avec l’Occident, tandis que la Russie renforce ses positions alentour. Des résultats officiels ne devraient pas être connus avant le courant de la semaine. La commission électorale nationale a jusqu’à vendredi pour publier des résultats provisoires, avant leur validation par le Conseil constitutionnel.