Irlande du Nord : Hors de contrôle, un agent infiltré au sein de l’IRA aurait plus tué qu’il n’aurait sauvé de vie
exces de zele•Le conflit entier aura fait plus de 3.500 morts20 Minutes avec AFP
Un agent de l’armée britannique infiltré au sein de l’IRA pendant le conflit nord-irlandais a probablement causé plus de morts qu’il n’a permis de sauver de vies, selon un rapport de la police publié ce vendredi.
L’enquête, ouverte en 2016 et nommée « Opération Kenova », porte sur des faits de meurtre et de torture remontant aux années 1970 et liés à un agent connu sous le nom de code « Stakeknife », ainsi que sur le rôle joué par les services de sécurité, notamment le MI5 (renseignement intérieur).
Stakeknife est-il mort ?
Les trois décennies de conflit autour de la présence britannique en Irlande du Nord ont fait 3.500 morts jusqu’à la signature des accords de paix en 1998. Infiltré, « Stakeknife » était à la tête du tristement célèbre « nutting squad » (équipe de la mort, ndlr) de l’Armée républicaine irlandaise (IRA), et aurait été chargé d’interroger et de faire disparaître des traîtres et des informateurs.
Les conclusions provisoires de l’enquête révélées vendredi portent sur 101 meurtres et enlèvements liés à cette unité. Un homme soupçonné d’être « Stakeknife », Freddie Scappaticci, est mort en 2023 à l’âge de 77 ans. Il avait reconnu avoir fait partie de l’IRA jusqu’en 1990, mais avait nié avoir travaillé pour les services secrets britanniques.
Agir « en dehors de ses attributions »
L’enquête ne confirme pas son identité. Elle estime en revanche que le nombre de vies sauvées grâce aux informations de « Stakeknife » se trouvait autour d’une dizaine, mais ne se chiffraient aucunement en centaines comme cela a pu être affirmé.
« Je crois probable que plus de vies ont été perdues que sauvées », a écrit l’auteur du rapport, Jon Boutcher, un haut-responsable policier. Il y a « sans aucun doute » des occasions où « Stakeknife » a « agi en dehors de ses attributions et a fait des choses qu’il n’aurait pas dû faire », ajoute-t-il.
Aucune poursuite engagée contre 32 potentiels meurtriers
Les experts de « Kenova Victim Focus Group » (VFG), groupe indépendant chargé de veiller au respect des droits de victimes, ont salué la publication du rapport comme une « étape importante ».
La semaine dernière, le parquet nord-irlandais a annoncé qu’aucune poursuite ne serait engagée, faute de preuves suffisantes, contre 32 personnes comprenant d’anciens policiers et militaires et des personnes qui avaient été liées à l’IRA, dans des dossiers relatifs à l’opération Kenova.
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