AutoritaireJavier Milei prêt « au conflit » au Parlement pour réformer l’Argentine

Argentine : Javier Milei prêt « au conflit » devant le Parlement pour forger un « nouveau contrat social »

AutoritaireLe nouveau président argentin a prononcé son premier discours sur l’Etat de la nation hier
20 Minutes avec AFP

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Javier Milei est décidé à tout emporter avec lui. Le président ultralibéral argentin s’est dit vendredi, dans son premier discours sur l’Etat de la nation, déterminé à mener à bien ses réformes coûte que coûte, « avec ou sans soutiens » politiques. Dans le même temps, il a appelé les Argentins à faire preuve de « patience et confiance », face à ses mesures de dérégulation et d’austérité budgétaire.

« Il faut encore du temps avant que nous puissions récolter les fruits de l’assainissement économique et des réformes (…) mais pour la première fois de l’histoire, nous attaquons le problème par sa cause. Pour cela je vous demande patience et confiance », a-t-il déclaré. « L’effort va valoir la peine » leur a assuré Javier Milei, dont le gouvernement a opéré en moins de trois mois une dévaluation de plus de 50 %, une libéralisation des prix, une large déréglementation et des coupes budgétaires drastiques.

« Si vous cherchez le conflit, vous aurez du conflit »

Offensif, il a mis en garde les parlementaires qui, en février, lui ont infligé son premier revers en retoquant son ambitieux train de réformes dérégulatrices (660 dispositions). « Nous allons changer le pays pour de bon (…) avec ou sans le soutien des dirigeants politiques, avec toutes les ressources légales de l’exécutif ». Il a rappelé aux députés, que ces dernières semaines il traitait de « nid à rats », « corrompus », « symboles de la caste » politique, que par décret, modifications réglementaires, ou projets de lois, il dispose d’outils de « lutte contre le déficit budgétaire, qui est pour nous la mère des batailles ». « Si vous cherchez le conflit, vous aurez du conflit », a-t-il menacé.

Pour autant le chef de l’Etat a tendu une main à la classe politique, aux influents gouverneurs des provinces, dirigeants de partis, ex-présidents, pour forger un « nouveau contrat social », sur la base de dix principes éminemment libéraux : équilibre budgétaire « non négociable », propriété privée « inviolable », dépense publique réduite au niveau « historique » de 25 % du PIB, notamment. Un « Pacte de Mai », comme il l’a baptisé, qui serait signé à Cordoba symboliquement le 25 mai, jour de l’anniversaire de la révolution de 1810 qui mena à l’indépendance.

Le président argent a par ailleurs annoncé un projet de « loi anti-caste », avec diverses propositions, notamment une limite des mandats de dirigeants syndicaux, la réduction du nombre d’assistants parlementaires, la fin des avantages pour les ex-présidents. Il a également annoncé la fermeture de l’agence de presse publique Telam (environ 700 salariés), l’un des médias qui était dans le viseur du nouveau gouvernement, devenu selon lui « agence de propagande » des gouvernements péronistes.

La députée de gauche Myriam Bregman a dénoncé « un rideau de fumée pour ne pas parler de ce qu’on vit, prix de fous, manque de nourriture dans les soupes populaires, hausse des loyers ». « Ça me retourne l’estomac. Ce qui est en train de se passer est une extermination des pauvres », enrageait Elba Sarmiento, une artisane de 37 ans, parmi quelques centaines de manifestants sur la place du Parlement.