conflitMayotte marche au ralenti à cause des blocages routiers

Mayotte : Ecoles fermées et services publics ralentis face aux blocages routiers

conflitA Mayotte, la majorité des services publics fonctionnent au ralenti ou sont fermés et plusieurs établissements scolaires n’accueillent plus d’élèves depuis lundi en raison d'un mouvement de protestation contre l'insécurité
20 Minutes avec AFP

20 Minutes avec AFP

«Mayotte n’est plus une porte d’entrée, c’est devenu un moulin », s’agace Ahmada, gréviste depuis trois jours. « On vit en prison. Il n’y a pas une maison qui n’est pas encerclée de barreaux, tout ça parce qu’on laisse tout le monde rentrer chez nous », poursuit cet habitant de Sada, village voisin de Chiconi, gros village de l’ouest de la Grande-Terre, à Mayotte.

Depuis lundi, la principale île du petit archipel de ce département d’environ 310.000 habitants, situé entre Madagascar et l’Afrique de l’Est, est paralysée par des blocages routiers. Immigration incontrôlée, insécurité : les griefs sont connus et le Collectif des citoyens de Mayotte 2018, décrié par certaines associations humanitaires pour des positions jugées xénophobes, n’a pas eu à forcer pour mobiliser. Conséquence : la majorité des services publics fonctionnent au ralenti ou sont fermés, des mairies sont bloquées, et plusieurs établissements scolaires n’accueillent plus d’élèves depuis lundi.

« On a appris au moins une chose de la France : la grève »

« Cela durera au moins un mois, assure Cervo, un représentant du collectif. On a appris au moins une chose de la France : la grève. Quand la population ne se soulève pas, elle n’est pas entendue. » Et l’occupation d’un stade par des demandeurs d’asile africains maintient les tensions. Le début de son évacuation, ce jeudi, pourrait ne pas suffire pour assurer un retour à la normale : le malaise est plus profond.

Postés derrière des pneus, des palettes, des blocs de roche et des bennes à ordures, une vingtaine d’habitants et de militants du Collectif des citoyens de Mayotte 2018 tiennent le « piquet de grève » à Chiconi. La population « souffre trop », témoigne Fatima, lunettes de soleil, hijab sur les cheveux et tunique en wax sur les épaules, « excédée par la situation ». « On se fait sans cesse casser nos voitures, on est victimes d’attaques. L’arrivée des réfugiés africains, c’est la goutte d’eau qui fait déborder le vase », poursuit cette habitante de Sada (ouest).

La controversée opération Wuambushu n’a pas eu les résultats escomptés

Malgré l’évacuation du camp ce jeudi, Safina Soula, la présidente du collectif, assurait lundi à l’AFP vouloir « conserver les barrages jusqu’à ce que les migrants soient expulsés », alors que le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin s’est engagé à ce qu’une quarantaine de personnes ayant obtenu l’asile soient rapatriées dans l’Hexagone.

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Lancée en avril 2023, la controversée opération Wuambushu de lutte contre la délinquance et l’immigration irrégulière, qui visait notamment à tarir le flux d’arrivées des Comores voisines, n’a pas eu les résultats escomptés. La fin d’année 2023 a même été marquée par une recrudescence des violences : pillage et incendie d’habitations à Bandraboua (nord) début novembre, heurts répétés entre bandes de villages adverses, jusqu’à la mort de trois jeunes en un peu plus d’une semaine en décembre, lors d’affrontements qui ont traumatisé l’archipel.