Japon : Quatre ministres démissionnent sur fond de scandale de fraude financière
grand ménage•Des procureurs enquêtent sur des soupçons de fraudes visant des dizaines de membres du Parti libéral-démocrate dirigée par le Premier ministre Fumio Kishida20 Minutes avec AFP
Les fusibles ont sauté. Quatre ministres japonais ont présenté jeudi leur démission, selon des médias locaux, après que le Premier ministre Fumio Kishida a annoncé la veille vouloir faire face à un vaste scandale de fraude financière au sein de son parti. « J'ai présenté ma démission au Premier ministre », a déclaré jeudi matin le bras droit de Kishida, le secrétaire général et porte-parole du gouvernement Hirokazu Matsuno, en évoquant les soupçons dont il fait lui-même l'objet. Le ministre de l’Economie, du Commerce et de l’Industrie Yasutoshi Nishimura, le ministre des Affaires intérieures Junji Suzuki et le ministre de l’Agriculture Ichiro Miyashita ont tous trois également remis leur démission jeudi matin, d’après plusieurs organes de presse japonais.
« La défiance de l’opinion publique se porte sur moi à propos des fonds politiques, ce qui entraîne une méfiance à l’égard du gouvernement. Comme une enquête est en cours, j’ai pensé que je devais mettre les choses au clair », a déclaré Yasutoshi Nishimura devant des journalistes.
3,2 millions d’euros scrutés
D’après la presse, des procureurs japonais enquêtent sur des soupçons de fraudes visant des dizaines de membres du Parti libéral-démocrate (PLD, droite conservatrice) dirigée par Kishida, une formation politique qui gouverne le pays presque sans interruption depuis 1955. Ils sont soupçonnés, selon plusieurs médias, d’avoir omis de déclarer l’équivalent de plusieurs millions d’euros récoltés via la vente de billets pour des soirées de levées de fonds, et que le PLD leur aurait ensuite reversées.
Les enquêteurs s’intéresseraient en particulier aux membres de la plus importante faction interne du parti que dirigeait l’ancien Premier ministre Shinzo Abe, assassiné l’an dernier. Ses membres auraient reçu quelque 500 millions de yens (3,2 millions d’euros) sur une période de cinq ans jusqu’en 2022.
« Boule de feu »
Jugeant « extrêmement regrettable que la situation ait suscité la défiance de la population », Kishida a promis jeudi de se « muer en boule de feu pour restaurer la confiance dans le gouvernement », annonçant vouloir « procéder rapidement aux nominations » jeudi. Tous les ministres qui doivent être remplacés appartiennent à la « faction Abe », même si le scandale toucherait également des membres de la faction de Kishida, selon des médias locaux.
Avant même ce scandale, la cote de popularité de Kishida, 66 ans, était déjà plombée par d’autres sujets de mécontentement des Japonais, dont l’inflation persistante et la baisse du yen qui fragilisent le pouvoir d’achat des ménages, malgré son annonce le mois dernier d’un nouveau plan de relance budgétaire massif. Le Premier ministre peut théoriquement rester au pouvoir jusqu’en 2025, mais certains analystes spéculent sur la possible convocation d’élections anticipées avant un vote interne au PLD l’an prochain qui pourrait s’annoncer très difficile.