Argentine : Le ministre de l’Economie Massa et l’ultralibéral Milei qualifiés pour le second tour
presidentielle•Sergio Massa, candidat du bloc gouvernemental de centre-gauche, est arrivé en tête (35,9 %) du premier tour, devant l’ultralibéral et « antisystème » Javier Milei (30,5 %)20 Minutes avec AFP
Deux styles et deux visions de l’économie vont s’affronter le 19 novembre prochain pour prendre la tête de l’Argentine le 10 décembre. Le ministre de l’économie Sergio Massa confronté à une inflation record de 138 % et un économiste ultralibéral « antisystème » Javier Milei sont qualifiés pour le second tour de l’élection présidentielle, selon les résultats partiels dimanche du premier tour.
Sergio Massa, 51 ans, candidat du bloc gouvernemental (centre-gauche) est arrivé en tête avec 35,9 % des voix. Il devance Javier Milei, 53 ans, avec 30,5 %, qui confirme sa percée depuis son irruption sur la scène politique il y a deux ans, selon les chiffres de l’Autorité électorale, avec 76 % des votes décomptés. La candidate de l’alliance d’opposition (centre-droit) Patricia Bullrich, une ex-ministre de la Sécurité et protégée de l’ancien président libéral Mauricio Macri (2015-2019), est distancée, avec 23,6 % des voix.
Des électeurs entre incertitude et inquiétude
Les Argentins ont voté dans un climat d’incertitude et d’inquiétude, comme rarement depuis le retour de la démocratie il y a quarante ans, sur fond d’endettement chronique et d’inflation désormais parmi les plus élevées au monde. Autour des bureaux de vote, les mots de « ras-le-bol », « anxiété », « pas de formule magique », revenaient dans la bouche des électeurs, traduisant une atmosphère partagée entre désir de changement et peur d’un « saut dans le vide ».
« Nous sommes préparés à faire le meilleur gouvernement de l’histoire », a lancé au moment de voter Milei, un polémiste surgi en 2021 des plateaux TV. Il a suivi depuis un fil rouge « dégagiste » contre la « caste parasite », selon lui les péronistes (centre-gauche) et libéraux qui alternent au pouvoir depuis vingt ans. Sa colère, ses formules mordantes, son style électrique ont parlé à un public souvent jeune et sans grande perspective. Mais ses propositions, comme « tronçonner » l’Etat et le service public, « dollariser » l’économie ont aussi semé doute. A son QG de campagne dimanche soir, la déception était toutefois manifeste, alors que les sondages le plaçaient en tête avant le scrutin.
Pour Massa, « le pire de la crise » est passé
Face à lui Sergio Massa, un centriste d’ADN qui s’était déjà présenté à la présidentielle en 2015, contre ses alliés péronistes d’aujourd’hui, a pris soin en campagne de se distancer de l’exécutif. Il a aussi tenté de convaincre que « le pire de la crise » est passé, grâce à un prochain boom exportateur et la fin d’une sécheresse historique en 2022-23 qui a privé l’Argentine de 20 milliards de dollars de recettes.
Il a surtout ces derniers mois multiplié les largesses budgétaires : réduction du nombre d’imposables, subventions, exemptions de TVA, pour amortir le choc de l’inflation. « Irresponsabilité électoraliste », ont hurlé ses adversaires, alors que l’Argentine peine à rembourser au FMI un prêt de 44 milliards. Pour l’heure, son QG dimanche soir n’était qu’étreintes et chants.