L’homosexualité enfin dépénalisée sur l’île Maurice par la Cour suprême
DISCRIMINATIONS•La sodomie était jusqu’ici passible d’une peine pouvant aller jusqu’à 5 ans de prison20 Minutes avec agences
La plus haute juridiction de l’île Maurice a dépénalisé ce mercredi les relations sexuelles entre personnes homosexuelles. Elle a considéré une loi datant de l’époque coloniale britannique comme non conforme à la Constitution.
Cette décision historique a été saluée par la communauté LGBTQ de cette île de l’océan Indien, connue pour sa tolérance et qui avait déjà dans le passé accueilli des événements homosexuels. Mais jusqu’à présent, une loi datant de 1898 punissait toute personne coupable de sodomie d’une peine pouvant aller jusqu’à 5 ans de prison.
Un meilleur accès aux soins
Cet article du Code pénal « n’a pas été introduit à Maurice pour refléter les valeurs mauriciennes », ont déclaré deux juges de la Cour suprême. « [Il] est l’héritage de notre histoire coloniale avec la Grande-Bretagne. Nous [le] déclarons en conséquence inconstitutionnel. »
Un recours en justice avait été introduit par la communauté gay, qui estimait que la loi bafouait leurs droits fondamentaux. La décision de la Cour suprême a été saluée par de nombreuses ONG. « Les hommes ayant des relations avec les hommes pourront avoir un accès plus facile à la santé et aux services sociaux sans avoir peur d’être arrêtés ou poursuivis », a ainsi déclaré l’Onusida, l’agence des Nations unies chargée de la lutte contre le sida.
Une lutte mondiale encore nécessaire
La lutte contre la stigmatisation de la communauté LGBTQ à Maurice n’est cependant pas terminée. Plusieurs religions coexistent sur l’île : la moitié des 1,3 million d’habitants est hindoue, un peu moins d’un tiers est chrétien et le reste est musulman. Une vague de répression contre les homosexuels s’abat en ce moment sur plusieurs pays d’Afrique de l’Est, souvent encouragée par des conservateurs musulmans et chrétiens.
En Ouganda par exemple, pays à majorité chrétienne conservatrice, le président Yoweri Museveni a promulgué en mai 2023 une loi anti-homosexualité prévoyant de lourdes peines pour les personnes ayant des relations homosexuelles et faisant la « promotion » de l’homosexualité. Le crime d'« homosexualité aggravée » est passible de la peine de mort, sentence qui n’est toutefois plus appliquée depuis des années en Ouganda.