La Slovaquie accuse la Russie « d’ingérence inadmissible » après les élections législatives
conflit•A l’issue du scrutin, la présidente slovaque a confié la formation du nouveau gouvernement au populiste Robert Fico, opposé à l’aide militaire à l’Ukraine et considéré comme prorusse20 Minutes avec agences
La Slovaquie a accusé lundi la Russie « d’ingérence inadmissible » dans les élections législatives qui se sont tenues samedi dans le pays. Une réaction qui fait suite aux déclarations du chef du renseignement extérieur russe : celui-ci avait lui aussi évoqué une « ingérence » de Washington dans la politique intérieure slovaque. Le ministère slovaque des Affaires étrangères a protesté contre les propos de Sergueï Narychkine, qui a remis « en question l’intégrité des élections libres et démocratiques en Slovaquie ».
A l’issue des élections, la présidente slovaque a confié la formation du nouveau gouvernement au populiste Robert Fico, opposé à l’aide militaire à l’Ukraine et considéré comme prorusse. L’ambassade russe à Bratislava a démenti lundi toute interférence. « Contrairement à certains alliés actuels de la Slovaquie, nous n’interférons pas dans les affaires intérieures d’autres pays et nous ne nous engageons pas dans un changement de régime », a déclaré l’ambassade, citée par des agences de presse russes.
23 % des voix pour le parti de Robert Fico
De son côté, le Département d’Etat américain a rappelé que « les Etats-Unis ne prennent pas position dans les élections des pays étrangers ». « Je comprends que les résultats des élections soient associés à diverses préoccupations pour de nombreuses personnes », a déclaré la présidente Zuzana Caputova, elle-même ancienne responsable de la PS. Or, « la tâche du chef de l’Etat est de respecter le résultat des élections démocratiques », a-t-elle fait valoir.
Le parti de Robert Fico, Smer-SD, a obtenu 23 % des voix et devancé le parti centriste la Slovaquie progressiste (PS, 18 %), lors du scrutin de samedi. Pendant la campagne, le candidat de 59 ans a juré que la Slovaquie n’enverrait plus « une seule balle de munition » à l’Ukraine et appelé à de meilleures relations avec la Russie.
Plus d’aide à l’Ukraine
L’ex-Premier ministre a déclaré récemment que « la guerre en Ukraine a commencé en 2014 lorsque des fascistes ukrainiens ont tué des victimes civiles de nationalité russe », reprenant à son compte des affirmations russes non prouvées. Dimanche, il a estimé que son pays de 5,4 millions d’habitants avait des « problèmes plus importants » que l’aide à l’Ukraine, alors que jusqu’à présent la Slovaquie, membre de l’UE et de l’Otan, a été un important donateur européen à l’Ukraine, en proportion de son PIB.
Lundi, le chef de la diplomatie ukrainienne Dmytro Kouleba a assuré que Kiev respectait « le choix du peuple slovaque ». « Mais il est trop tôt pour dire en quoi le résultat de ces élections va affecter la position de la Slovaquie », a-t-il affirmé en marge d’une réunion ministérielle européenne à Kiev.
Viktor Orban ravi
Selon le Kremlin, il est « absurde » de qualifier le parti de Robert Fico de « prorusse ». « Nous sommes confrontés à une situation où tout homme politique qui est enclin à penser à la souveraineté de son pays, à défendre les intérêts de son pays, est considéré comme prorusse. C’est absurde », a déclaré aux journalistes le porte-parole de la présidence russe, Dmitri Peskov.
Selon les analystes, le nouveau gouvernement pourrait radicalement changer la politique étrangère de la Slovaquie pour la rapprocher de celle du Premier ministre hongrois Viktor Orban. Ce dernier s’est félicité sur X (ex-Twitter) des résultats de l’élection : « Il est toujours bon de travailler avec un patriote. J’ai hâte de pouvoir le faire ! ».