La « plupart » des morts en Libye étaient évitables, estime l’ONU

Inondations en Libye : « Nous aurions pu éviter la plupart des pertes humaines », selon l’ONU

responsabilitéLe patron de l’Organisation météorologique mondiale pointe l’absence de système d’alerte et de coordination des services d’urgences
20 Minutes avec AFP

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A qui la faute, après le drame ? Avec le passage d’un médicane sur la côte libyenne, des pluies torrentielles se sont abattues sur le nord du pays. La montée des eaux a détruit deux barrages, créant une crue éclair de l’ampleur d’un tsunami, en amont de la ville de Derna dont des pâtés de maisons entiers ont été emportés par les eaux. Plus de 4.000 personnes sont mortes et des milliers d’autres disparues dans la catastrophe.

Selon Petteri Taalas, patron de l’Organisation météorologique mondiale, la désorganisation qui frappe la Libye a largement contribué à l’ampleur de la catastrophe. Avec une meilleure coordination dans ce pays ravagé par une grave crise politique, « ils auraient pu émettre des avertissements et les services de gestion des urgences auraient pu procéder à l’évacuation des personnes, et nous aurions pu éviter la plupart des pertes humaines », a déclaré Petteri Taalas, lors d’un point de presse à Genève.

Un couvre-feu au lieu d’évacuations

Il a souligné que les années de conflit interne qui ravagent le pays ont « en grande partie détruit le réseau d’observation météorologique », tout comme les systèmes informatiques. « Les inondations se sont produites et aucune évacuation n’a eu lieu, car les systèmes d’alerte précoce appropriés n’étaient pas en place », a-t-il estimé. Si des évacuations avaient eu lieu, le bilan humain aurait été bien moindre, a-t-il ajouté.

De fait, un couvre-feu avait été décrété dans plusieurs villes de l’est du pays, dont Derna, forçant les habitants à rester chez eux. « Bien sûr, nous ne pouvons pas éviter complètement les pertes économiques, mais nous aurions également pu minimiser ces pertes en mettant en place des services appropriés », a-t-il déclaré.

Le Centre météorologique national (CMN) de Libye a émis des alertes précoces concernant les conditions météorologiques extrêmes 72 heures à l’avance et a informé les autorités gouvernementales par courrier électronique, les exhortant à prendre des mesures préventives. L’état d’urgence a été décrété par les autorités de l’est de la Libye vendredi et elles ont mis en place une cellule de crise. Mais selon le bureau régional de l’OMM à Bahrein, le problème c’est qu’en Libye la gestion des urgences « ne fonctionne plus » et il n’y a « pas les moyens de gérer une telle situation sans précédent ».