Danemark : Les autodafés du Coran, des « actes fondamentalement méprisants », bientôt interdits
islamophobie•Un projet de loi vise l'interdiction de dégrader des objets « ayant une signification religieuse importante pour une communauté religieuse »20 Minutes avec AFP
Face à un risque de crise diplomatique, l’exécutif danois a déposé un projet de loi interdisant les autodafés d’objets à connotation religieuse. Ce projet ne vient pas de nulle part : après des autodafés du Coran par des activistes d’extrême droite, le Danemark s’était retrouvé dans le viseur de plusieurs pays musulmans.
La loi va « interdire le traitement inapproprié d’objets ayant une signification religieuse importante pour une communauté religieuse », a ainsi annoncé le ministre de la Justice, Peter Hummelgaard, lors d’un point presse.
C’est simple, le gouvernement ne veut plus que ces objets se fassent brûler ou piétiner. « Acte fondamentalement méprisant et antipathique », le fait de brûler un coran « nuit au Danemark et aux intérêts danois », a poursuivi le garde des Sceaux.
« Nous ne pouvons pas continuer à rester les bras croisés »
Le Danemark et son voisin suédois ont récemment cristallisé la colère au sein de pays musulmans. En Irak par exemple, des centaines de manifestants partisans de l’influent leader religieux Moqtada Sadr ont tenté fin juillet de marcher en direction de l’ambassade danoise à Bagdad.
Le nouveau texte doit être inclus au chapitre 12 du Code pénal danois, qui traite de la sécurité nationale. « C’est là le cœur et la motivation de ce que nous entreprenons », a insisté Peter Hummelgaard.
« Nous ne pouvons pas continuer à rester les bras croisés alors que quelques individus font tout ce qu’ils peuvent pour provoquer des réactions violentes », a-t-il souligné. La disposition légale s’appliquera également aux profanations de la Bible, de la Torah ou de symboles religieux comme le crucifix.
Liberté chérie
La nouvelle loi ne couvrira pas « l’expression verbale ou écrite » de ces gestes, notamment les caricatures, a précisé le ministre, affirmant que le Danemark continuait à revendiquer son fort attachement à la liberté d’expression malgré les critiques de certains partis de l’opposition qui estiment qu’il la néglige. La loi s’applique aussi dans un lieu privé si c’est avec l’intention de diffuser ces profanations à un public plus large.
Il y a six ans, le Danemark avait abrogé le délit de blasphème, une disposition vieille de 334 ans qui sanctionnait les insultes publiques envers les religions.