Argentine : Qui est Javier Milei, le « tsunami » des primaires fan de Trump ?
populisme•« Anarcho-capitaliste », ultralibéral et bête médiatique… Qui est Javier Milei, la surprise des primaires en Argentine, devenu l’un des favoris de l’élection présidentielle à venir ?O.O avec AFP
L'essentiel
- Javier Milei est arrivé en tête des PASO (Primaires ouvertes, simultanées et obligatoires), étape obligatoire où les électeurs argentins présélectionnent les candidats avant l’élection présidentielle d’octobre prochain.
- Cet économiste ultralibéral de 52 ans s’est lancé en politique il y a à peine deux ans, en se faisant élire député.
- Ancien joueur de football professionnel, l’homme se revendique « anti-système » face à la « caste » politique et avoir volontiers des affinités avec Jair Bolsonaro et Donald Trump.
Une bête médiatique, une étiquette « antisystème », une ascension politique fulgurante, ça ne vous rappelle rien ? En Argentine, Javier Milei a frappé un grand coup dimanche lors des primaires obligatoires désignant les candidats à l’élection présidentielle. Cet économiste ultralibéral a obtenu 30,6 % des voix et arrive en tête à deux mois de l’élection fatidique. Qui est Javier Milei ? Quelles sont les idées fortes de son programme ? 20 Minutes vous présente l’un des favoris à la présidence argentine.
Le « tsunami » Milei, personnage médiatique surprise des sondages
Javier Milei a décidé de surfer sur une vague où deux de ses modèles (Bolsonaro, Trump) se sont noyés : l’omniprésence médiatique, le populisme et l’ultralibéralisme. Sous-estimé par les sondages, le quinquagénaire a créé dimanche la surprise dans 16 des 24 provinces du pays. Pas mal pour un homme qui a commencé la politique en 2021, élu député à Buenos Aires.
« Personne n’imaginait un tel vote Milei. Il est arrivé premier là où il n’avait aucune structure ni appui, même pas des assesseurs au dépouillement, absolument rien », relève Juan Negri, politologue de l’Université Torcuato di Tella. Novice en politique, Milei est par contre rompu au jeu médiatique.
Intervenant régulier sur les plateaux TV depuis plusieurs années, il est aussi très actif sur les réseaux sociaux. Taxé tour à tour d’extrême droite, d’ultralibéral sur l’économie (contre le salaire minimum), de conservateur (anti-avortement) ou de libertaire (pour tous types d’unions libres), Milei, qui se décrit qui comme « anarcho-capitaliste » et « pour les libertés par-dessus tout », est parfois inclassable.
Une personnalité populaire mais énigmatique
Derrière son épaisse tignasse brune et ses favoris qui habillent ses joues, l’économiste reconvertit en homme politique cache une personnalité plus trouble. Volontiers excessif et exubérant sur la place publique, il est l’exact opposé dans la vie privée.
Peu social, il vit seul. Peiné par la mort de son chien Conan en 2018, il entreprend un clonage qui lui donne six chiens, comme le relate Mediapart. Un de ses chiots est mort et fait office de « canal de lumière » à l’économiste, qui croit pouvoir grâce à lui entrer en contact avec des économistes de renom ou pouvoir accueillir les visites… Du Christ.
Il considère d’ailleurs ses animaux de compagnie comme ses fils. Auteur d’El Loco ( « Le Fou »), biographie non autorisée sur Milei, un journaliste argentin, avait dressé le portrait d’un homme isolé, dénigré et maltraité par ses parents.
Il s’appuie beaucoup sur les conseils de sa soeur Karina, qui fait office de bras droit pendant sa campagne. Le Trump argentin aurait aussi proposé un meilleur poste à une jeune militante en échange de rapports sexuels, comme le rappelle Mediapart. Une affaire qui n’a pas enrayé sa dynamique.
Un économiste ultralibéral et libertarien
Ancien joueur de football professionnel, Javier Milei a notamment travaillé dans le secteur bancaire et pour le forum de Davos après l’obtention de son diplôme d’économie. En bon libertarien, l’économiste veut réduire le rôle de l’Etat au minimum.
Il veut libéraliser la vente d’armes, le don d’organe, refonder le système de l’école obligatoire, et même remplacer le peso argentin par le dollar américain. Le tout, dans un contexte d’inflation grandissant que les politiques n’arrivent pas à résoudre. Milei se fixe comme objectif de restaurer l’Argentine au rang de puissance mondiale et ne jure que par le marché. « Les échecs du marché, ça n’existe pas », avait-il martelé lors d’un entretien au Financial Times.
Revendiquant ses affinités avec Donald Trump et Jair Bolsonaro, Javier Milei arrivera-t-il à marcher sur leurs traces ? Réponse le 22 octobre prochain pour l’homme « aux dizaines de visage ».