Etats-Unis : Interdites d’avorter alors que leur fœtus était non-viable, 12 femmes attaquent le Texas en justice
DROIT•Dès la 20e semaine de grossesse, les médecins avaient annoncé aux parents que leur enfant ne survivrait pas20 Minutes avec agences
L’image de son bébé mort dans ses bras est insoutenable. Une mère de famille a témoigné de l’horreur qu’elle a vécu devant un juge à Austin (Texas) cette semaine avant de s’écrouler et d’être prise de vomissements. Comme 12 autres patientes, elle poursuit en justice l’Etat du Texas, réclamant une clarification des « exceptions médicales » aux lois interdisant désormais l’avortement.
Samantha Casiano s’était vue refuser la possibilité d’avorter bien que son fœtus ait été diagnostiqué atteint d’anencéphalie, une malformation du crâne et du cerveau impliquant qu’il ne survivrait pas. L’enfant est décédé quatre heures après l’accouchement. « C’était horrible car je voulais que ma fille repose en paix le plus vite possible et nous avons dû attendre jusqu’à sa naissance, témoigne Samantha Casiano, âgée de 29 ans. Ma fille souffrait d’anencéphalie, et allait donc forcément mourir rapidement, avant ou après la naissance. »
Avortement illégal au Texas
Dans une telle situation, une interruption médicale de grossesse est souvent proposée aux familles, la malformation condamnant irrémédiablement l’enfant. Mais depuis que la Cour suprême américaine a annulé le droit constitutionnel à l’avortement en juin 2022 et rendu aux Etats la liberté de légiférer eux-mêmes sur cette question, une quinzaine d’entre eux a adopté des lois ultra-restrictives ou rendu l’avortement illégal sur leur sol. Le Texas en fait partie.
Dans cet Etat conservateur du sud des Etats-Unis, l’avortement est désormais interdit et les médecins en pratiquant illégalement encourent de lourdes amendes et jusqu’à 99 ans de prison. Selon les 13 plaignantes, les exceptions pour raisons médiales sont définies de manière trop floue, ce qui effraie les médecins et les dissuade de pratiquer un avortement, même dans ce cadre.
« Mon bébé est mort dans mes bras »
Samantha Casiano se dit être victime de ces règles. Son compagnon, Luis Villasana, 25 ans, explique qu’ils auraient pu partir illégalement dans un autre Etat mais n’avaient pas les moyens financiers pour le faire et auraient alors risqué une peine de prison. « C’est à l’encontre de la loi », indique-t-il, ajoutant : « on essaie de faire les choses bien ». Le couple, qui élève quatre enfants, se faisait une grande joie d’agrandir leur famille avant qu’un examen médical organisé à 20 semaines de grossesse, en décembre 2022, ne vienne doucher leurs espoirs. « Mon bébé est mort dans mes bras (…), je l’ai soutenue pendant toutes ces quatre heures », témoigne Luis Villasana.
Pendant les dernières semaines de grossesse, sa compagne avait été placée sous antidépresseurs par son médecin, devait supporter les félicitations maladroites et questions douloureuses sur son ventre arrondi, alors même qu’elle savait pertinemment que leur enfant ne survivrait pas. « J’espère que la loi va changer afin que d’autres femmes n’aient pas à vivre ce que j’ai dû endurer, et que d’autres pères n’aient pas à voir leur enfant mourir entre leurs mains », plaide Samantha Casiano.
« Des lois texanes inhumaines »
Amanda Zurawski, la première à livrer son histoire, a raconté au tribunal s’être aussi vu refuser un avortement alors que son fœtus était condamné. « Alors que j’avais besoin d’un avortement d’urgence quand j’étais enceinte de ma fille Willow, j’ai été obligée de rentrer chez moi et d’attendre », a-t-elle déclaré lors d’une conférence de presse. Amanda Zurawski n’avait pu obtenir cette procédure que trois jours plus tard, après avoir fait une septicémie. « J’ai failli mourir à cause des lois texanes inhumaines qui interdisent l’avortement », a-t-elle dénoncé.
Une autre plaignante, Lauren Miller, a souligné que la fille de Samantha avait « suffoqué ». « On ne devrait pas torturer des bébés et appeler ça être pro-vie », ainsi que se nomment les opposants à l’avortement aux Etats-Unis, a-t-elle fustigé. La défense plaide que les exceptions médicales pourraient être utilisées de manière arbitraire et servir de prétexte.
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