Volcan islandais: L'espace aérien soumis au caprice du nuage et de la météo
DECRYPTAGE•Rouvrira, rouvrira pas? Et pour combien de temps? Depuis la fin de la semaine dernière, le nuage de cendres fait de nouveau la pluie et le beau temps sur l'espace aérien européen. 20minutes.fr fait le point...Maud Pierron
En avril dernier, lors de la paralysie du ciel européen, les vols étaient annulés à partir d’un concentration de cendres de 0,54mg/m3. C’était une vieille norme internationale, depuis revue à la hausse. Désormais, il est considéré que la concentration est dangereuse à partir de 2 mg/m3, indique la Direction générale de l’aviation civile à 20minutes.fr.
Ce seuil de référence a été établi par les constructeurs de moteurs d’avions le mois dernier, alors que la polémique sur la gestion trop rigide de la crise par les autorités battait son plein. Les risques sont-ils plus élevés? «Pas du tout, assure Gérard Fledzer, directeur du musée de l’Espace et de l’Air. Personne ne prendrait le risque de voir un avion tomber». Seulement, note-t-il, il y a un mois, les autorités ont été «prises de court par l’ampleur de la situation et un phénomène qu’on ne connaissait pas. Aujourd’hui, nous avons des réponses», assure-t-il. Et d’ajouter: «On a appris à vivre avec, car c’est une situation qui peut durer et on ne peut pas fermer l’espace aérien pendant un mois».
La France est épargnée pour l’instant…
La France a subi quelques perturbations ce week-end mais rien par rapport au sud de l’Europe. Le pays a été traversé par une «fin de queue de nuage» mais les vols d’essais ont montré que «cette zone ne contenait rien », assure à 20minutes.fr la Direction générale de l’aviation civile. Autre point positif: « les pluies permettent de lessiver le ciel», note la DGAC, qui reste relativement optimiste pour les prochains jours. «Il y a quelques résidus de cendres en France, qui se dirigent vers le Nord, mais en très faible quantité», assure à 20minutes.fr Elodie Callac, prévisionniste à Météo France. Mais attention, «en milieu de semaine, les vents pourraient tourner et les cendres arriver vers la France», a expliqué lundi à 20minutes Etienne Kapikan, prévisionniste à météo France.
Pourquoi l’Espagne est-elle touchée?
Lors de la première éruption, le sud de l’Europe avait été relativement épargné par le nuage de cendres, cette fois, il est victime du nuage. Le fameux nuage de cendres actuellement au dessus de l’Atlantique, poussé par les vents, avance vers la péninsule et provoque des restrictions de survols de l’Espagne. «Une grande partie de la zone de cendres sur l’Atlantique nord est reprise dans un flux de sud-ouest car il y a une dépression sur le Portugal», explique Elodie Callac. La zone de risque va donc se déplacer ver le Portugal, le nord de l’Espagne, les Pyrénées et une partie du pourtour méditerranéen, continuant vers l’Allemagne, annonce la prévisionniste.
Le nuage est moins concentré en cendres
Pour autant, ce déplacement du nuage ne signifie pas que les espaces aériens soient fermés. «On ne connait pas les concentrations dans le nuage. C’est très compliqué. On reste prudent car il y a une incertitude sur les émissions et sur la dispersions des cendres», avance prudemment la prévisionniste, qui note aussi que plus le trajet du nuage est long, plus il a le temps de se décharger des cendres. «Ce devraient donc être de vieilles cendres, donc la concentration devrait être faible», assure-t-elle. Or, le nuage en question a fait un trajet d’au moins deux jours, ce qui est beaucoup.
Les vols transatlantiques perturbés
De fait, «la grosse masse du nuage de cendres est concentré sur l’Atlantique nord», pile sur la trajectoire des vols transatlantiques, note à 20minutes.fr la DGAC. Du coup, Eurocontrol, qui établi le plan de vol pour tous les avions, a pris la décision de faire passer plus au nord les vols transatlantiques au départ et à l’arrivée du nord de l’Europe, et plus au sud pour les vols au départ et à l’arrivée du sud de l’Europe. «Ces nouvelles trajectoires, plus sûres, occasionnent en moyenne des retards de deux heures», d’après la DGAC.
Le volcan Eyjafjöll se calme
Ce lundi matin, il crachait 50 tonnes de cendres par seconde, contre près de 400 t/s jeudi, lors du net regain d’activité, d’après un géologue de l'Université d'Islande à Reykjavik. «Nous pensons que (les émissions) vont encore diminuer dans les prochains jours et donc les choses devraient revenir à un état un peu meilleur», a déclaré Magnus Tumi Gudmundsson. Le volcan pourrait se mettre à cracher de la lave plutôt que de la cendre dans les prochains jours, selon le spécialiste.