Irak : Le leader religieux Moqtada Sadr met en sourdine son mouvement pour une durée d’un an
Coup d’éclat•Le chef du Courant sadriste impute cette décision aux dérives d’un groupuscule le présentant comme un prophète20 Minutes avec AFP
Encore une fois, Moqtada Sadr surprend son monde en Irak, partisans comme adversaires. Une manière d’imposer son rythme à la vie politique du pays. Le leader religieux chiite, figure incontournable en Irak, a annoncé ce vendredi suspendre pour une année au moins la majeure partie des activités de son mouvement, le Courant sadriste. Le trublion de la vie politique irakienne, qui s’affiche en héraut du changement et de la lutte contre la corruption des élites politiques, a l’habitude de prendre de court ses partisans comme ses adversaires avec ses décisions surprises annoncées sur les réseaux sociaux. Comme lorsqu’il avait assuré sur Twitter se retirer « définitivement » de la politique l’an dernier.
Moqtada Sadr jouit d’une forte assise populaire grâce à son héritage familial et des dizaines de milliers d’Irakiens lui obéissent au doigt et à l’œil : il est issu d’une lignée de religieux chiites qui descend du prophète de l’islam. Son père, Mohammed Sadek Sadr, assassiné par le régime de Saddam Hussein en 1999, est encore révéré. « Que je sois un réformateur pour l’Irak (…) mais que je n’arrive pas à réformer le courant Sadriste, c’est un péché », a lancé Moqtada Sadr sur Twitter.
Une enquête sur un groupuscule de soutien
« Continuer à la tête du Courant sadriste alors que s’y trouvent "Les partisans de l’affaire", certains corrompus, et que sont commis des péchés nocifs, c’est une question grave », a-t-il souligné. Car sur les réseaux sociaux, des médias irakiens et des internautes ont partagé une vidéo imputée à un groupuscule obscur, « Les partisans de l’affaire », appelant à « prêter allégeance à l’Imam attendu, Sayyed Moqtada Sadr », faisant ainsi de ce dernier le Mahdi, l’imam caché dont les chiites espèrent le retour.
Un juge d’instruction à Bagdad a d’ailleurs émis des mandats d’arrêts à l’encontre de « 65 suspects » membres de ce groupuscule, « qui promeut des idées provoquant des dissensions et violant la sécurité de la société », selon un communiqué des autorités judiciaires. C’est en raison de cette affaire que le leader religieux a annoncé « geler » son courant pour « au moins un an », mais assuré que la mesure ne concernait pas les activités religieuses : ni la prière du vendredi, ni « l’Institution du patrimoine », dédiée à la mémoire de son père, ainsi qu’un autre site religieux du mouvement.
A l’été 2022, en plein bras de fer chiite sur la désignation d’un Premier ministre, Moqtada Sadr avait annoncé son « retrait définitif » de la politique, entraînant des affrontements meurtriers à Bagdad entre ses partisans d’un côté, l’armée et d’anciens paramilitaires chiites de l’autre. Quelques mois plus tôt, alors que son parti dominait le Parlement, il avait pris de court tout le pays en ordonnant à ses 73 députés de démissionner.