Un diplôme, un emploi, une famille, une maison: le parcours américain de Faisal Shahzad, 30 ans, ne laissait a priori pas entrevoir ce qui a pu conduire ce jeune analyste financier à tenter de commettre un attentat à la voiture piégée à Times Square, samedi dernier.

Né au Pakistan et élevé dans les écoles privées de Peshawar réservées à l'élite, Faisal Shahzad est arrivé aux Etats-Unis à la fin des années 1990 muni d'un visa. Il s’inscrit en 2000 à l’université de Bridgeport, dans le Connecticut, où il obtient une licence en sciences informatiques, en 2001.

Son père, un ancien de l'armée de l'Air pakistanaise «assistait avec sa femme à la remise des diplômes», assure le Stamford Advocate. Etudiant banal, Faisal Shahzad n'a cependant laissé aucun souvenir particulier à ses professeurs.

En 2006, il devient analyste financier

Muni d'un nouveau visa de trois ans, Faisal Shahzad s'inscrit en MBA (Master of business administration) dans la même université, et trouve en parallèle un emploi de comptable dans le groupe cosmétique Elizabeth Arden.

En juin 2006, il démissionne, pour devenir analyste financier chez Affinion group, une entreprise américaine de conseil en marketing.

Entre-temps, Faisal Shahzad épouse au Pakistan Huma Mian. Plusieurs personnes l'ayant rencontré pendant cette période au Pakistan ont assuré que s'il avait laissé sa barbe pousser, «il était très libéral» et ne fréquentait pas la mosquée.

Couple tranquille, deux enfants

En 2004, le jeune homme achète, en grande partie à crédit, une maison à Shelton, une petite ville à environ 120 km au nord-est de New York. Le couple, décrit comme très tranquille par les voisins, a deux enfants. Dans le quotidien local The Hartford Courant, une voisine décrit Huma Shahzad comme «portant des habits traditionnels du Moyen Orient qui recouvraient la plus grande partie de son corps mais pas son visage».

Une autre raconte comment sa fille jouait régulièrement avec celle du jeune couple. «Huma Mian a signifié qu'elle ne parlait pas anglais et les deux femmes parlaient par gestes interposés». Elevée aux Etats-Unis, Huma Shahzad, qui a obtenu en 2004 un diplôme en comptabilité à l'université du Colorado selon un porte-parole de l'université cité par le Boulder Daily Camera, parlait pourtant parfaitement anglais.

Faisal disparaît à l’été 2009

Tout bascule à l’été 2009. Sans que l’on ne sache pourquoi. Juste après avoir obtenu sa naturalisation américaine, en avril 2009, Faisal Shahzad «est parti». «Il a dit qu'il y avait une hospitalisation dans sa famille au Pakistan, il n'a même pas démissionné, il est juste parti et n'est jamais revenu», raconte au Stamford Advocate son collègue de bureau.

Dans le même temps, l'organisme de crédit a cessé de recevoir les traites mensuelles. «Après son départ au début de l'été, sa femme a commencé à faire visiter la maison et à vendre ce qu'ils possédaient», selon une voisine citée par le Hartford Courant.

La suite est connue: selon les autorités américaines, Faisal Shahzad, réapparu à Bridgeport en février dernier, a assuré aux enquêteurs avoir suivi entre-temps un entraînement à la fabrication des bombes pendant son séjour au Pakistan. Le Mouvement des talibans du Pakistan nie de son côté tout lien avec le jeune homme. «Nous ne le connaissons même pas. Nous ne l’avons pas entraîné», a déclaré son porte-parole l’AFP.