Corée du Sud : Séoul tente de réchauffer ses relations avec Tokyo
tourner la page•Séoul a annoncé lundi un plan pour indemniser ses ressortissants victimes du travail forcé au Japon pendant la guerre20 Minutes avec AFP
C’est un pas de plus vers une réconciliation totale entre la Corée du Sud et le Japon. Ces deux pays voisins, tous deux proches alliés des Etats-Unis, ont des liens économiques importants, mais leurs relations diplomatiques sont régulièrement empoisonnées par des contentieux historiques remontant à la brutale colonisation japonaise de la péninsule coréenne entre 1910 et 1945.
Dans un souci de réchauffement bilatéral, Séoul a annoncé, ce lundi un plan pour indemniser ses ressortissants victimes du travail forcé au Japon pendant la guerre. Selon Séoul, environ 780.000 Coréens ont été soumis au travail forcé durant les trente-cinq ans d’occupation japonaise, sans compter les femmes réduites à l’esclavage sexuel par les troupes nippones durant la Seconde Guerre mondiale.
Le nouveau plan du gouvernement de Séoul prévoit de confier à une fondation locale le soin d’accepter les dons des grandes entreprises sud-coréennes - qui ont bénéficié de réparations accordées par le Japon en 1965 - pour indemniser des victimes. Le ministre sud-coréen des Affaires étrangères, Park Jin, a dit « espérer que le Japon répondrait positivement à notre décision majeure d’aujourd’hui, par des contributions volontaires d’entreprises japonaises et des excuses complètes ».
Pas de nouvelles excuses japonaises
Le ministre japonais des Affaires étrangères, Yoshimasa Hayashi, s’est aussi félicité, ce lundi, du plan sud-coréen, qui aidera selon lui à « rétablir des relations saines » entre les deux pays.
Mais il a aussitôt laissé entendre que Tokyo ne s’excuserait pas davantage envers Séoul, évoquant une « déclaration commune » de 1998, où le Premier ministre japonais de l’époque, Keizo Obuchi, avait exprimé de « profonds remords » pour les dommages et souffrances causés par la colonisation nippone de la péninsule coréenne. Tokyo insiste également sur le fait qu’un traité bilatéral signé en 1965 a réglé tous les contentieux entre les deux pays concernant la période coloniale.
Le président américain Joe Biden s’est néanmoins empressé de saluer « un nouveau chapitre révolutionnaire de coopération et de partenariat entre deux des plus proches alliés des Etats-Unis ». Le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken a aussi vanté des « annonces historiques » et loué le « courage » et la « vision » des gouvernements sud-coréen et japonais.
Vives protestations
Le nouveau plan d’indemnisation de Séoul bénéficie, lui, du soutien de nombreuses familles de victimes, selon le ministre Park Jin, promettant que celles-ci seraient consultées « une par une » afin d’obtenir « sincèrement leur compréhension ». « Si nous comparons cela à un verre d’eau, je pense que le verre est plus qu’à moitié plein. Et je pense que le verre se remplira davantage en fonction de la réponse sincère du Japon qui suivra », a-t-il affirmé.
Le plan a néanmoins déjà suscité de vives protestations de la part de groupes de victimes, qui souhaitent une compensation financière et des excuses directement de la part des entreprises japonaises concernées. « C’est comme si les liens des victimes du travail forcé étaient dissous dans l’argent des entreprises sud-coréennes », a écrit Lim Jae-sung, avocat de plusieurs victimes, dans un post Facebook dimanche.