« L’âge de la Françafrique est révolu », assure Emmanuel Macron, en visite au Gabon
diplomatie•Le président français considère que la France est désormais un « interlocuteur neutre » sur le continent20 Minutes avec AFP
Au début d’une tournée de quatre jours en Afrique, Emmanuel Macron a voulu poser les bases d’une nouvelle relation entre la France et le continent, alors qu’il a participé, jeudi, à un sommet sur la protection des forêts tropicales, au Gabon.
« Cet âge de la Françafrique est bien révolu et j’ai parfois le sentiment que les mentalités n’évoluent pas au même rythme que nous quand je lis, j’entends, je vois qu’on prête encore à la France des intentions qu’elle n’a pas, quelle n’a plus », a indiqué le chef d’Etat devant la communauté française du Gabon, en soulignant par ailleurs que la réorganisation militaire française qu’il avait annoncée lundi dans un discours à Paris n’est « ni un retrait, ni un désengagement ».
On reproche à Macron ses rencontres avec des dirigeants autoritaires
Ces dernières années, la France s’est efforcée de rompre avec la « Françafrique », ses pratiques opaques et ses réseaux d’influence hérités du colonialisme. Mais sur le continent, on reproche toujours à Emmanuel Macron de poursuivre ses rencontres avec des dirigeants africains jugés autoritaires.
A Libreville, le président français s’est d’abord rendu dans la matinée au parc de l’Arboretum Raponda Walker, l’une des aires protégées du littoral gabonais au nord de Libreville, avant de s’exprimer devant la communauté française du pays à la résidence de l’ambassadeur de France.
La venue d’Emmanuel Macron a été décriée par une partie de l’opposition politique et de la société civile gabonaises, qui l’accusent de venir « adouber » Ali Bongo, alors que les Gabonais éliront un nouveau président cette année. Ali Bongo avait succédé à son père, Omar Bongo Ondimba, après la mort de ce pilier de la Françafrique, qui avait dirigé le pays pendant quarante et un ans. Ali Bongo avait été réélu dans des conditions controversées, en 2016, et sera probablement candidat à sa réélection cette année.
Une réduction de la présence militaire française
C’est le dix-huitième déplacement d’Emmanuel Macron en Afrique depuis le début de son premier quinquennat en 2017, où l’influence et la présence française sont de plus en plus remises en question. Depuis 2022, l’armée française a été poussée hors du Mali et du Burkina Faso par les juntes au pouvoir dans ces deux pays. Mardi, au lendemain du discours de M. Macron sur l’Afrique, le Burkina a également dénoncé un accord d’assistance militaire signé avec la France en 1961, l’année d’après l’indépendance du pays, auparavant colonie française.
Forte des mercenaires du groupe Wagner et de campagnes de désinformation qui alimentent le sentiment antifrançais, la Russie dame de plus en plus le pion à Paris dans cette sphère d’influence française historique.
Emmanuel Macron a exposé lundi depuis Paris sa stratégie africaine pour les quatre ans à venir. Il a prôné « l’humilité » et encouragé un nouveau partenariat « équilibré » et « responsable » avec les pays africains. Il a également annoncé une réduction de la présence militaire française, concentrée depuis dix ans sur la lutte contre le djihadisme au Sahel.