Guerre en Ukraine : Vainqueur de l’Eurovision, Kalush Orchestra participe à l’effort de guerre avec ses concerts
CULTURE•Le groupe ukrainien Kalush Orchestra, sacré en mai à l’Eurovision, profite de ses concerts pour récolter des dons et pour sensibiliser le public au sort de l’UkraineFabien Randanne
L'essentiel
- Un an après le début de la guerre en Ukraine, 20 Minutes est plus que jamais mobilisé pour vous informer sur le conflit. Du 22 au 28 février, la rédaction vous propose des reportages, analyses, témoignages, vidéos, podcasts pour rendre compte du quotidien des civils, de la situation militaire sur le terrain, du jeu diplomatique.
- Depuis qu’il a été désigné pour représenter l’Ukraine à l’Eurovision 2022 et plus encore depuis sa victoire au concours musical, Kalush Orchestra est devenu le symbole d’un pays luttant pour sa liberté. Ces derniers mois, le groupe multiplie les concerts dans le monde et en profite pour sensibiliser le public à la cause ukrainienne tout en récoltant des dons.
- « Même quand on n’est pas dans une humeur favorable à la création, nous sommes obligés de trouver les forces en nous pour continuer à écrire de nouvelles chansons. Ce qu’on fait, on le fait en premier lieu pour l’Ukraine. Nous nous employons à notre manière à nous rapprocher de la victoire », avance à 20 Minutes Tymofii Muzychuck, l’un des membres du groupe.
Le 14 mai, Kalush Orchestra remportait l’Eurovision, à Turin (Italie), avec la chanson Stefania. Le groupe ukrainien a été massivement plébiscité par le public du concours : il a reçu des points de la part des trente-neuf pays votants et vingt-huit lui ont attribué la note maximale de 12 points. « Cette victoire est très importante pour l’Ukraine, surtout cette année. Nous vous remercions du fond du cœur. Gloire à l’Ukraine ! », avait alors réagi à chaud Oleh Psiuk, le leadeur de la bande. Comme nous l’écrivions à l’époque, ce triomphe relevait du cri du cœur et de soutien du peuple européen à l’égard du pays en guerre.
Les membres de Kalush Orchestra étaient déjà un symbole de l’Ukraine luttant pour sa liberté. Plusieurs semaines avant le concours musical, ils avaient obtenu une autorisation spéciale pour quitter l’Ukraine et sillonner l’Europe. « Il est très important pour nous de saisir l’opportunité de représenter notre pays et de lui être le plus utile possible. Il est primordial que l’Ukraine ne soit pas oubliée », soulignait en avril Oleh Psiuk, à 20 Minutes qui le rencontrait à Amsterdam (Pays-Bas). Il n’allait pas tarder à mettre en vente aux enchères le trophée de l’Eurovision afin de participer à l’effort de guerre : le Micro de cristal est parti pour 900.000 dollars.
« Une très grande responsabilité »
Un an après le début du conflit, le groupe poursuit sa mission de soft power. Le 15 février, il était de passage au Parlement européen où il a notamment fait conférence de presse commune avec Sabine Vereheyen, présidente de la Commission culture. « Etre les porte-parole de la culture ukrainienne, c’est une très grande responsabilité. C’est celle de chaque artiste représentant la créativité ukrainienne sur la scène internationale et qui essaye d’aider son pays de toutes les manières : en portant la voix de son pays, en faisant des collectes pour l’armée ou des organisations humanitaires… », avance Tymofii Muzychuk, joueur de sopilka, une flûte traditionnelle, et autre chanteur de Kalush Orchestra que 20 Minutes a rencontré mi-février, avant le concert des Ukrainiens au Cabaret Sauvage à Paris.
Les membres du groupe ont désormais la Pologne comme point de chute entre chaque concert en Europe ou dans le reste du monde. « Si on dispose d’un large créneau entre deux spectacles, on rentre en Ukraine comme on l’a fait pour le Nouvel An où on a pu voir nos proches et nos amis, explique Tymofii Muzychuck. Quand nous ne sommes pas dans notre pays ou en concert, nous nous consacrons à l’écriture de nouvelles chansons. Même quand on n’est pas dans une humeur favorable à la création, nous sommes obligés de trouver les forces en nous pour continuer à travailler. Ce qu’on fait, on le fait en premier lieu pour l’Ukraine. Nous nous employons à notre manière à nous rapprocher de la victoire. »
« Que l’actualité de l’Ukraine ne quitte pas la Une »
Pour Kalush Orchestra, faire une tournée « vise avant tout à ce que l’actualité de l’Ukraine ne quitte pas la Une » des médias occidentaux et à « rappeler à l’Europe que l’Ukraine est en guerre ». « On dit à chaque concert que l’on a besoin de soutien », poursuit le musicien. A chaque fois, un kakémono est déployé à l’avant-scène. Il présente le QR code via lequel le public peut envoyer un don. Lors de la précédente tournée, pas moins de 1,5 million d’euros ont été récoltés.
« Partout où nous nous produisons en Europe l’accueil est chaleureux. En Amérique du Nord, il est particulièrement fort, parce que les Ukrainiens qui y vivent nous disent qu’écouter notre musique est comme respirer une bouffée d’air frais ukrainien », raconte Tymofii Muzychuk. Le groupe s’apprête d’ailleurs à décoller pour les Etats-Unis : entre le 9 et le 13 mars, il se produira à Cleveland, Orlando, Détroit, Atlanta et Austin.
Quelques jours plus tôt, Kalush Orchestra aura dévoilé, Changes, une toute nouvelle chanson. Puis il se préparera à contribuer à la prochaine édition de l’Eurovision. « Nous sommes déçus que le concours ne puisse pas être organisé en Ukraine, mais nous sommes reconnaissants envers le Royaume-Uni d’accepter d’être le pays hôte », avance le flûtiste.
A Liverpool, où se tiendra la compétition, Kalush Orchestra interprétera Stefania « et une autre chanson, dont [il] garde le secret ». Le groupe espère aussi assister à la victoire du duo ukrainien Tvorchi, en lice avec Heart of Steel « et que l’Eurovision aura lieu en Ukraine l’année prochaine ». Cela voudrait aussi dire que sa mission est terminée.
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