Monaco votera dimanche pour renouveler son parlement
Monarchie constitutionnelle•Deux listes qui affichent seulement quelques « différences philosophiques » sont en lice pour le renouvellement du Conseil national, le parlement monocaméral du Rocher. Un peu moins de 8.000 sujets du Prince Albert sont appelés à voterF.B. avec AFP
L'essentiel
- Les sujets de la principauté de Monaco, monarchie constitutionnelle et deuxième plus petit Etat du monde, derrière le Vatican, sont appelés à voter dimanche pour renouveler le Conseil national, leur parlement.
- Sur les quelque 38.000 habitants de ce minuscule pays de 2,02 km2, enclavée entre Nice et l’Italie, mais qui n’est pas membre de l’Union européenne, seuls 7.596, âgés d’au moins 25 ans et de nationalité monégasque, ont le droit de vote.
- Le choix n’est pas vaste, avec seulement deux listes qui n’affichent en plus que quelques « différences philosophiques » en compétition, contre trois en 2018.
Deux listes sont en lice. Mais pas de révolution à attendre, elles revendiquant à peine « des différences philosophiques ». Les sujets de la principauté de Monaco, monarchie constitutionnelle et deuxième plus petit Etat du monde, derrière le Vatican, sont appelés à voter dimanche pour renouveler le Conseil national, leur parlement.
Sur les quelque 38.000 habitants de ce minuscule pays de 2,02 km2, enclavée entre Nice et l’Italie, mais qui n’est pas membre de l’Union européenne, seuls 7.596 ont le droit de vote : double condition en effet, avoir au moins 25 ans, et la nationalité monégasque.
Comment ça marche ?
Le Conseil national, le parlement monocaméral de la Principauté, est composé de vingt-quatre membres élus pour cinq ans. Et si ces conseillers votent les lois et le budget, ils ne peuvent pas mettre en cause la responsabilité politique du gouvernement et, le cas échéant, le renverser, celui-ci étant uniquement responsable devant Albert II, le Prince souverain.
Nommé par le Prince, ce gouvernement est composé de cinq membres, sous l’autorité du Ministre d’Etat. Ce « Premier ministre » officieux est actuellement le Français Pierre Dartout, ex-préfet de la région Paca, même si, depuis 2005, la Principauté n’a plus obligation de nommer à ce poste un fonctionnaire français.
En face donc, Nouvelles idées pour Monaco est conduite par le doyen actuel du parlement, Daniel Boéri, 78 ans. Cet ex-membre de la majorité, qui ne concoure qu’avec treize colistiers, il reconnaît avoir eu « du mal » à constituer sa liste, en raison « de pressions fantastiques ». Il rejoint en tout cas l’autre camp en expliquant que dans la Principauté, « on ne peut pas dire qu’il y ait des distinctions idéologiques, mais plutôt philosophiques ». Il espère tout de même se distinguer par « la vision » proposée.
Nouvelles idées pour Monaco, en sous-effectif
Pour cet avocat de 43 ans, les enjeux de cette prochaine mandature sont « la signature d’un éventuel accord d’association avec l’Union européenne » et « la préservation du modèle et des spécificités monégasques ». « Si la priorité à l’embauche, au logement, les conditions d’accès aux marchés publics ou encore à certaines professions réglementées ne sont pas préservées, c’est tout le pacte social monégasque qui serait remis en cause », craint-il.
Le Conseil national est lui élu selon un scrutin mixte à un tour qui offre seize sièges à la liste majoritaire, les huit sièges restants étant attribués au scrutin proportionnel. Mais le choix n’est pas vaste, avec seulement deux listes en compétition, contre trois en 2018.
Dans le rôle de favorite, l’Union nationale monégasque est menée par Brigitte Boccone-Pagès, une ancienne enseignante de 63 ans, première femme élue à la présidence du Conseil national depuis sa création en 1911. Elle compte vingt-quatre candidats, dont treize députés sortants.
L’Union nationale monégasque, en pole position
Parmi eux, Thomas Brezzo est optimiste pour la victoire de son camp, l’autre liste, Nouvelles idées pour Monaco, « étant incomplète », selon lui. Les électeurs devraient dans tous les cas s’y retrouver, juge-t-il. A Monaco « il y a plus des débats d’idées que de vraies divergences d’opinions », souligne-t-il.
Son groupe entend notamment « lancer des débats, notamment sur le droit des femmes et sur comment aller plus loin sur l’IVG dans le cadre de la Constitution ». Si l’interruption volontaire de grossesse a été dépénalisée à Monaco en 2019 et si les femmes subissant un avortement ne risquent plus la prison, pratiquer un avortement reste interdit sur le Rocher. Daniel Boéri demande aussi au gouvernement monégasque que soit systématiquement évalué « l’impact écologique des décisions prises ».
Une campagne tout de même en tension
En attendant, il demeure tout de même une certaine tension entre les deux listes. Daniel Boéri a ainsi dénoncé des manœuvres « choquantes » avec l’attribution, le 25 janvier, « à 11 jours du scrutin », de 300 logements à des Monégasques, par une commission dans laquelle siègent quatre membres sortants du Conseil national.
Par ailleurs, après un débat à la radio en 2018, un débat télévisé devait avoir lieu pour la première fois sur la chaîne publique monégasque. Il a été annulé, les deux listes n’ayant pu s’entendre sur qui devait y prendre part.