mafiaPerruques, planques, faux papiers… Les astuces des mafieux en cavale

Italie : Les astuces des mafieux en cavale pour échapper à la surveillance

mafiaCertains mafieux italiens prennent la fuite à l’étranger. Mais la majorité d’entre eux préfèrent rester au pays pour continuer à gérer leurs affaires. Planques, perruques et cash… Tous les moyens sont bons pour échapper aux autorités
20 Minutes avec AFP

20 Minutes avec AFP

Certains mafieux italiens prennent la tangente sous les tropiques, mais la plupart des gros poissons restent au pays pour continuer à régner dans l’ombre.

Les « escadrons de chasseurs », des unités spécialisées des carabiniers, traquent sans relâche les gros bonnets du crime organisé passés à la clandestinité en Sicile, dans le maquis sarde ou les montagnes de Calabre.

C’est là, au cœur des villes ou des villages où ils sont nés que les gros bonnets du crime organisé sont à la merci d’une trahison mais sous la protection de leurs affidés.

« Aller en prison, pour un mafieux, c’est un échec. Le mafieux veut mourir dans son lit, pas en cellule », explique à l’AFP le journaliste spécialisé Attilio Bolzoni.

Comme avant lui les parrains de la mafia sicilienne Cosa Nostra Toto Riina et Bernardo Provenzano, Matteo Messina Denaro, arrêté lundi après 30 ans de cavale, se terrait sur son île, à un jet de pierre de sa ville natale de Castelvetrano.

Faux papiers, perruques, opérations chirurgicales

Le dernier grand « capo » sicilien vivant occupait un appartement confortable, et selon les habitants de Campobello di Mazara, sortait au grand jour pour prendre un café au bar local, commander une pizza, faire ses emplettes… Il était muni de faux papiers et se faisait passer pour un médecin.

D’autres portent des perruques, s’habillent en femme, subissent des opérations esthétiques. Cosa Nostra n’est plus aujourd’hui que l’ombre d’elle-même, décapitée par l’Etat après l’assassinat des juges Giovanni Falcone et Paolo Borsellino pour lequel Messina Denaro a été condamné à la perpétuité.

Mais pour ce qui en subsiste, un parrain comme lui ne peut pas commander à distance, sauf à prendre le risque de voir son pouvoir contesté. Il doit rester parmi ses hommes, à n’importe quel prix.

Les bunkers, des caches aménagées

Les mafieux en cavale en Italie se cachent souvent dans ce qu’on appelle des « bunkers » : il s’agit de caves aménagées, avec chambre, sanitaire et cuisine, en sous-sol de maisons individuelles ou de petits immeubles. On y accède par des trappes dissimulées sous des meubles, des tapis, de faux planchers, derrière un miroir.

Leurs hôtes sont des amis, des affidés, ou des membres de la famille qui les ravitaillent régulièrement, avec qui ils jouent aux cartes ou fêtent Noël au nez et à la barbe des autorités. Selon le quotidien italien Il Corriere della Sera, les enquêteurs ont retrouvé des préservatifs et des boîtes de Viagra dans la planque de Messina Denaro.

D’autres n’ont pas ce privilège, condamnés à se réfugier au plus profond des campagnes boisées de l’Italie méridionale.

En 2016, deux chefs de la 'Ndrangheta, la mafia calabraise, avaient été débusqués dans un misérable « bunker » niché dans la montagne, au milieu des arbres, où ils « vivaient comme des animaux », selon l’expression du procureur de l’époque, se nourrissant de conserves, dans des conditions d’hygiène précaires.

Toto Riina, lui, le boss de Corleone surnommé « le fauve » pour sa férocité, vivait au centre de Palerme jusqu’à son arrestation en 1993 dans une « villa-bunker ». Elle abrite aujourd’hui… Une caserne de carabiniers.