EnvironnementSur l’île Amsterdam, on éradique les chats et les rongeurs

Sur l’île Amsterdam, on éradique les chats et les rongeurs pour conserver l’écosystème

EnvironnementAprès des siècles d’introduction volontaire, ou involontaire, de mammifères et de plantes exotiques, l’île Amsterdam doit réinstaller un équilibre sur ces îles subantarctiques très fragiles
20 Minutes avec AFP

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Tout ce qui est mignon n’est pas forcément bon pour l’environnement. Sur l’île d’Amsterdam, des rongeurs, des chats ou encore des lapins sont devenus des espèces qui nuisent à l’écosystème. C’est pourquoi la décision radicale de les éradiquer a été prise, afin de protéger la réserve naturelle crée en 2006.

Après des siècles d’introduction volontaire, ou involontaire, de mammifères et de plantes exotiques par les humains dans les Terres australes, l’île Amsterdam, qui fait partie avec Crozet et Kerguelen des Terres australes et antarctiques françaises (Taaf), doit réinstaller un équilibre sur ces îles subantarctiques très fragiles. Quitte à prendre des mesures difficiles d’éradication ou de limitation des espèces invasives. A Amsterdam, « le projet Reci (restauration des écosystèmes insulaires de l’Océan indien) vise à l’éradication du rat, du chat et de la souris à l’hiver 2024 », explique Lorien Boujot, technicien pour la gestion des mammifères introduits à Amsterdam, à la direction de l’environnement de Taaf.

Mangeurs d’oiseaux

« Les chats et les rats, depuis qu’ils ont été introduits à Amsterdam sont la principale cause de disparition d’une dizaine d’espèces d’oiseaux nicheurs, dit-il. Les rats ont tendance à "prédater" les œufs voire les poussins, et les chats peuvent attaquer les animaux au stade adulte ». De plus, « les rats sont porteurs et vecteurs de la maladie du choléra aviaire. Il est probable que cette maladie ait été apportée sur l’île à l’époque où il y avait un poulailler et maintenant elle décime d’année en année la reproduction des albatros à bec jaune, présents sur les falaises d’Entrecasteaux », dans le sud de l’île, ajoute Lorien Boujot.



Les souris ont, elles, un gros impact sur la végétation. « Elles mangent énormément d’inflorescence et de graines de plantes indigènes comme le Phylica, un arbuste qui formait une ceinture tout autour de l’île et pour qui la régénération naturelle est quasi inexistante ». Des agents tentent bien de replanter de jeunes Phylica, mais « les rats ont tendance à manger et casser les jeunes plants », souligne Lorien Boujot.

Opération difficile

L’opération d’éradication prévue durant l’hiver austral 2024 va consister en deux épandages aériens sur l’ensemble de l’île de 55 km², très accidentée, à trois semaines d’intervalle. « La difficulté c’est que si on rate un domaine vital de rongeur, l’opération est ratée », indique Lorien Boujot. Le projet Reci prévoit par ailleurs des équipes sur le terrain pour peut-être éradiquer les derniers chats présents, par du piégeage et des tirs, précise-t-il.

Munis d’un permis de chasser, les deux agents de terrain spécialisés dans les « mammifères introduits », Louis Gillardin et Brieuc Leballeur, sont chargés de cette tâche difficile pour l’hivernage 2023. A l’issue de la campagne d’éradication de 2024, il faudra attendre deux ans sans détection pour dire que l’opération est réussie, et « à une échéance de dix ans » le retour des espèces d’oiseaux qui avaient cessé de nicher sur Amsterdam, estime Lorien Boujot.