Tunisie : L’opposition visée par des enquêtes judiciaires, le président accusé d’être à la manœuvre
Manigances•La principale coalition d’opposition au président Kais Saied a accusé, mardi, le pouvoir d’instrumentaliser la justice pour la faire taire, en lançant des enquêtes contre plusieurs de ses membres20 Minutes avec AFP
En Tunisie, l’opposition accuse l’exécutif d’instrumentaliser la justice. Le chef du Front de salut national, Ahmed Néjib Chebbi, a affirmé, lors d’une conférence de presse mardi, avoir été convoqué par la justice.
Trois autres membres de son bloc, Ridha Belhadj, Chaïma Issa et Jawhar Ben Mbarek doivent être également entendus à la suite d’une plainte déposée par une autre opposante au pouvoir, Abir Moussi.
La plainte avait été déposée après qu’Ahmed Néjib Chebbi eut accusé Abir Moussi, lors d’un discours le 25 décembre, de chercher à réinstaurer en Tunisie une dictature sur le modèle de celle de Ben Ali, renversé en 2011 lors de la première révolte des Printemps arabes.
« En vingt-quatre heures et sans que la plainte soit examinée, une décision de nous poursuivre a été prise », a déclaré l’opposant Ahmed Néjib Chebbi, pour qui cet empressement judiciaire montre que « cette plainte est instrumentalisée par le pouvoir ».
« Il s’agit d’une mauvaise mise en scène judiciaire à laquelle nous ne prendrons pas part », a-t-il affirmé. « Je ne répondrai pas à cette convocation, et si j’y suis conduit de force, je garderai le silence ».
Un chef de parti et un avocat convoqués par la justice
« Tout Tunisien libre, ou ayant une opinion indépendante, ou faisant partie de l’opposition, est, pour Kais Saied, un criminel », a ajouté Ahmed Néjib Chebbi, qui avait appelé le chef de l’Etat à démissionner après l’abstention massive enregistrée le 17 décembre au premier tour d’élections pour un Parlement sans véritables pouvoirs.
Par ailleurs, l’avocat Ayachi Hammami, qui défend des juges révoqués par Kais Saied, a annoncé avoir été convoqué lui aussi par la justice dans le cadre d’une enquête pour diffusion de fausses rumeurs « dans le but de porter atteinte à la sûreté publique ».
Trente-cinq ONG de défense des droits ont exprimé mardi dans un communiqué leur « solidarité absolue » avec Ayachi Hammami face aux « accusations fabriquées » qui pèsent sur lui.
À lire aussi