Etats-Unis : Le républicain Kevin McCarthy espère devenir Speaker de la Chambre et éviter « le chaos »
terrain miné•Favori pour succéder à Nancy Pelosi, l’élu californien reste sous la menace de conservateurs frondeurs, avec un vote incertain ce mardiP.B.
La seconde fois sera-t-elle la bonne pour Kevin McCarthy ? Après un échec en 2015, le représentant californien espère devenir le Speaker de la Chambre, mardi, deux mois après la courte victoire des républicains lors des midterms. Mais l’incertitude plane face à la fronde d’une dizaine d’élus conservateurs frondeurs, et une marge de manœuvre minime pour McCarthy. Qui voudra éviter une déroute historique : cela fait 100 ans que tous les Speakers ont été élus au premier tour de scrutin.
Qui est Kevin McCarthy ?
Elu pour la première fois en 2006, le représentant de la région de Bakersfield, une zone rurale du centre de la Californie, a gravi les échelons du parti républicain en prenant soin de ne braquer personne. En 2015, il faisait figure de favori pour devenir Speaker après la démission de John Boehner. Mais une gaffe dans une interview dans laquelle il avait suggéré que le but de la commission d’enquête sur l’attaque de Benghazi était principalement de se payer Hillary Clinton, et des accusations d’infidélité l’avaient poussé à retirer sa candidature. Après la retraite de Paul Ryan, en 2018, McCarthy est devenu le leader de la minorité républicaine.
Pourquoi sa victoire n’est pas garantie ?
La vague rouge n’a pas déferlé sur le Congrès en novembre. Avec 222 élus républicains sur 435, Kevin McCarthy n’a le doit qu’à quatre défections pour rester au-dessus de la majorité absolue (218). Il pourrait cependant être élu avec moins de voix si certains républicains votent simplement « présent » et pas contre lui. Ces dernières semaines, McCarthy a courtisé les élus du Freedom caucus, un groupe parlementaire trumpiste très à droite. Il a promis qu’il n’y aurait pas de chèque en blanc à l’Ukraine et de lancer une enquête parlementaire sur Hunter Biden. Dimanche, il a accepté de réinstaurer une règle permettant de déposer une motion pour obtenir la tête d’un Speaker avec seulement cinq voix. Il a convaincu Marjorie Taylor Greene mais neuf élus, dont Matt Gaetz et Paul Gosar, menacent de ne pas le soutenir.
Pourquoi le parti républicain pourrait sombrer dans « le chaos » ?
L’ancien Speaker Newt Gingrich a tapé du poing sur la table, estimant que c’était « McCarthy ou le chaos ». Si McCarthy n’est pas élu directement, des tractations s’engageraient avant un second tour, et d’autres si nécessaires. L’élu californien pourrait tenter une dernière fois de séduire ses détracteurs, mais avec le risque de voir des adversaires émerger comme son lieutenant Steve Scalise, le fidèle de Trump Jim Jordan ou le représentant de Caroline du Nord Patrick McHenry. Depuis la percée du Tea party, en 2009, le parti républicain se déchire entre les centristes et les ultra-conservateurs. Même s’il était élu, McCarthy risque d’être un patron fragile, avec une union qui pourrait exploser au premier obstacle, comme le vote du budget.