Manifestations en Iran : L'UE sanctionne onze dirigeants et la police des mœurs
Liste•Les ambassadeurs des pays de l’UE ont négocié la liste avant l’incendie de la prison d’Evineavec AFP
Les réactions de la scène internationales étaient attendues, depuis le début des manifestations en Iran qui répondaient à la mort de Mahsa Amini, décédée trois jours après son interpellation brutale par la police des mœurs de Téhéran. Fin septembre, l’Union européenne avait jugé « injustifiable et inacceptable » l’usage « généralisé et disproportionné de la force » contre les manifestants en Iran après la mort de Mahsa Amini, une jeune Kurde iranienne de 22 ans qui était détenue par la police des mœurs pour infraction au code vestimentaire qui impose notamment le port du voile aux femmes.
Mais jusqu’ici, les condamnations de l’Occident n’étaient pas suivies d’actes, mis à part aux Etats-Unis, au Canada et en Grande-Bretagne. Ce lundi, les ministres des Affaires étrangères de l’Union européenne ont donc adopté des sanctions contre la police des mœurs et onze dirigeants iraniens impliqués dans la répression de ces manifestations. Le terme « police des mœurs (…) n’est pas vraiment approprié quand on voit les crimes qui sont commis là-bas », a déclaré la ministre allemande des Affaires étrangères, Annalena Baerbock, à Luxembourg, où étaient réunis les chefs de la diplomatie des Vingt-Sept.
La liste approuvée la semaine dernière
La liste des sanctions, publiée au Journal officiel de l’Union européenne, inclut 11 responsables iraniens, dont le ministre des Technologies de l’information et des communications, Issa Zarepour, et quatre entités, dont la police des mœurs. Ils feront l’objet d’une interdiction de visa et d’un gel des avoirs de la part de l’UE. Cette liste, qui avait été approuvée la semaine dernière par les ambassadeurs de l’UE à Bruxelles, comprend aussi le chef de la police des mœurs iranienne, Mohammad Rostami Cheshmeh Gachi.
La liste a été établie avant l’incendie à la prison d’Evine à Téhéran qui a fait des morts et des dizaines de blessés. Des prisonniers politiques iraniens ainsi que des étrangers sont détenus dans cet établissement, dont l’universitaire franco-iranienne Fariba Adelkhah et l’Américain Siamak Namazi, qui sont en sécurité. « Lorsque vous voyez ces terribles images de l’incendie de la prison, lorsque vous voyez que des personnes pacifiques, des femmes, des hommes et, de plus en plus, des jeunes et des écoliers continuent d’être brutalement battus, nous ne pouvons pas et ne voulons pas fermer les yeux sur cette situation », a déclaré Annalena Baerbock. Son homologue suédoise, Anne Linde, a déclaré que les sanctions visaient « les responsables de la répression des manifestations pacifiques et surtout du meurtre de plusieurs femmes ».