Shanghai s'expose à l'univers
CHINE•A partir du 1er mai et pour six mois s'ouvrira la plus grande Expo universelle de l'histoire. Coup de projecteur sur ce «Paris de l'Orient»...De notre correspondante à Shanghai, Hélène Duvigneau
L'exposition a-t-elle changé Shanghai ou est-ce Shanghai qui a donné son fier visage à l'exposition? La réponse est entre les deux. La mégalopole chinoise, qui n'a cessé de s'urbaniser pour devenir aujourd'hui l'une des premières villes du pays, prend avec l'expo une revanche sur Pékin en tant que vitrine du pays. Avec un nombre record de 192 pays participants et un budget total évalué à 40 milliards d'euros, l'expo se place dans la droite lignée de Londres en 1851 et de Paris en 1889.
A quatre jours de l'ouverture, les habitants de Shanghai baignent dans une joyeuse effervescence entrecoupée de vastes opérations de police, dont la dernière a tout de même donné lieu à 6 000 interpellations. Pour le reste, force est de constater que la ville a revêtu ses plus beaux atours. «Après un an et demi passé dans la poussière et le bruit, la ville s'est vraiment embellie», constate Wang Lingli, chargée de projet pour le pavillon Rhône-Alpes.
Une vie plus facile
Le changement le plus visible concerne le métro, qui, avec ses 420 km de lignes, est devenu le premier réseau du pays. Jusqu'à récemment, les habitants de Shanghai privilégiaient la voiture, ou la bicyclette au métro, quasi inexistant. «En termes d'infrastructures, l'exposition a vraiment joué un rôle de catalyseur, même si le plan de développement de la ville est toujours centré sur la voiture», souligne Raefer K. Wallis, directeur du cabinet d'architectes A00. Il faut dire qu'avec 70 à 100 millions de visiteurs attendus, les autorités ont bien été obligées de planifier à l'échelle de la ville.
Parmi les autres grandes nouveautés: l'extension de 60% de la capacité d'accueil de l'aéroport Hongqiao, et la liaison de métro entre l'aéroport et le centre-ville. L'une des réussites les plus appréciées des Shanghaïens est la rénovation du célèbre Bund, symbole de de la ville, transformé en une sorte de Promenade des Anglais grâce à l'enterrement de 60% du trafic routier.
Dans l'ensemble, les habitants voient ces changements d'un bon œil. Chacun y met du sien, en évitant par exemple de se promener en pyjama ou d'étendre son linge dans la rue. Mais, Lan Gui Xiao, 59 ans, dont la petite maison de style shanghaïen a été démolie il y a peu, est mécontent. Il explique à qui veut l'entendre que son habitation a été détruite au moment où il négociait encore le prix de la compensation. Sauf qu'au train où vont les transformations, à moins d'être située dans un quartier protégé, elle aurait tôt ou tard été détruite, expo ou pas.