Elections légisaltives : La Suède vote avec les nationalistes mieux placés que jamais
EXTREME-DROITE•Le parti, issu d’un groupe néonazi, profite d’un climat d’insécurité grimpant dans le pays20 Minutes avec AFP
Une droite prête à revenir au pouvoir en s’appuyant pour la première fois sur l’extrême droite, la gauche sortante qui cherche « quatre ans de plus » : la Suède vote dimanche pour des élections qui s’annoncent très serrées.
En passe, selon les sondages d’atteindre une deuxième place inédite, le parti nationaliste et anti-immigration des Démocrates de Suède (SD), longtemps paria sur la scène politique, est désormais en position d’aider la droite à revenir au pouvoir.
Première femme cheffe du gouvernement suédois depuis sa prise de fonctions en novembre dernier, la sociale-démocrate sortante Magdalena Andersson jouit de la plus forte confiance des électeurs pour rester à son poste, loin devant son rival conservateur du parti des Modérés, Ulf Kristersson.
Une campagne dominée par les thèmes de droite
Mais la campagne a été dominée par des thèmes favorabes à l’opposition de droite : criminalité et règlements de compte meurtriers entre gangs, problèmes d’intégration, flambée des factures énergétiques…
« L’inflation s’est envolée tout comme la criminalité et les fusillades, et ce sont des facteurs qui devraient bénéficier à l’opposition de droite, mais pour l’instant c’est très très serré », note Patrik Öhberg, professeur de sciences politiques à l’Université de Göteborg.
Les deux probables nouvelles alliances (sociaux-démocrates, Verts, parti de Gauche et parti du Centre côté gauche ; Modérés, chrétiens-démocrates, libéraux et SD pour les droites) sont à touche-touche. Selon les derniers sondages, très fluctuants, la « constellation » de gauche obtiendrait entre 49,1 % et 50,1 %, contre 49,2 % à 49,9 % pour la droite/extrême droite.
« Une énorme bascule pour la société suédoise »
Les précédentes élections de 2018 avaient débouché sur une longue crise politique, avec quatre mois pour former au forceps un gouvernement minoritaire mené par les sociaux-démocrates.
« Cette fois-ci, on peut dire qu’une des deux constellations va avoir une majorité, (mais) impossible de deviner laquelle sur la base des sondages », estime Jan Teorell, professeur en sciences politiques à l’université de Stockholm.
La fin progressive de l’isolement des SD, et l’émergence du parti comme possible première formation de l’union des droites sont « une énorme bascule pour la société suédoise », souligne Anders Lindberg, éditorialiste au quotidien de gauche Aftonbladet.
La criminalité porte l’extrême droite dans l’opinion publique
Héritier d’un groupe néonazi à sa formation à la fin des années 1980, le parti végétait à 1 % il y a encore moins de 20 ans et n’est entré au Parlement qu’en 2010. Avec un discours anti-immigration couplé à la défense de l’Etat-providence traditionnel, il a su conquérir les classes ouvrières, les retraités et les peu qualifiés, principalement chez les hommes, en surfant sur les importantes arrivées migratoires en Suède (près de 500.000 depuis dix ans, soit environ 5 % de la population).
« La criminalité, l’immigration occupent le devant de la scène, là où quand on regarde l’Histoire, les élections suédoises ont toujours été sur l’Etat-providence, l’économie, l’emploi. C’est un mouvement tectonique », observe Anders Lindberg.
Quarante-huit personnes ont été tuées par arme à feu dans le pays depuis le début de l’année, dans une guerre des gangs qui ternit l’image du pays nordique.
La cheffe du gouvernement garde la confiance
La Suède, engagée dans un délicat processus d’adhésion à l’Otan et qui va prendre la présidence tournante de l’Union européenne le 1er janvier, est gouvernée depuis huit ans par les sociaux-démocrates, premier parti du pays depuis les années 1930.
En dix mois aux manettes après que son prédécesseur Stefan Löfven a quitté la vie politique, Magdalena Andersson a réussi à relancer son camp. Avec un slogan « notre Suède peut mieux faire » et un chant « Quatre ans de plus ».
« Beaucoup lui font confiance comme Première ministre, y compris chez ceux qui ne pensent pas voter pour les sociaux-démocrates », souligne Jan Teorell.