Irak : Invasion, tirs, couvre-feu... Ce que l’on sait de la crise politique qui s’accélère dans le pays
CONFLIT•Une situation qui s’envenime dix mois après les élections législatives d’octobre 202120 Minutes avec AFP
L'essentiel
- Ce lundi matin, le leader chiite, Moqtada Sadra a annoncé son « retrait » de la politique.
- Dans les heures qui suivent, l'armée irakienne a décrété dans la journée un couvre-feu à partir de 19 heures (heure locale) à Bagdad.
- En début d’après-midi, les sympathisants du chef religieux et politique « sont entrés dans le palais de la République », situé dans l’ultra-sécurisée Zone Verte dont les accès ont été fermés.
- Selon un dernier bilan, 12 partisans de Moqtada Sadr ont été tués dans la Zone Verte à Bagdad et 270 autres blessés, en plein chaos. Plusieurs obus seraient tombés dans cette zone, selon une source sécuritaire.
La tension monte en Irak. L’armée a décrété lundi un couvre-feu à partir de 19 heures (heure locale) à Bagdad, alors que des partisans du leader chiite, Moqtada Sadr, ont envahi le palais de la République en ce début d’après-midi. Dans la Zone Verte de la ville, 15 sympathisants de l'homme politique sont décédés, selon un dernier bilan. Plusieurs obus auraient été tirés dans cette même zone, selon une source sécuritaire.
La raison ? Dans la matinée, Moqtada Sadr a annoncé son « retrait définitif » de la politique. Une décision qui pourrait renforcer l’instabilité dans le pays, dix mois après les élections législatives d’octobre 2021. On fait le point sur un blocage politique qui pourrait rapidement tourner en guerre civile.
Un leader puissant
Ce lundi, dans la matinée, Moqtada Sadr a annoncé son « retrait définitif » de la politique. Le très influent clerc chiite, habitué des coups d’éclat, a fait cette annonce au moment où l’Irak est embourbé dans une profonde crise politique depuis les législatives d’octobre 2021.
L’Irak, riche en pétrole, mais accablé par une grave crise économique et sociale, n’a toujours pas de nouveau Premier ministre, ni de nouveau gouvernement, les forces chiites, dont celle de Moqtada Sadr, n’arrivant pas à se mettre d’accord sur leur mode de désignation.
Fort d’une immense base populaire, l’ex-chef de milice au turban noir, signe des descendants de Mahomet, a une nouvelle fois démontré qu’il était capable de rebattre les cartes en Irak avec un tweet. « Par la présente, j’annonce mon retrait définitif », a déclaré Moqtada al Sadr dans une déclaration publiée sur Twitter, critiquant les autres dirigeants politiques chiites de ne pas avoir tenu compte de ses appels à la réforme.
Couvre-feu
L’armée irakienne a décrété peu de temps après les déclarations de Maqtada Sadr, un couvre-feu à partir de 19 heures (16 heures GMT) à Bagdad, alors que des milliers de partisans du leader chiiite manifestaient leur mécontentement dans et à l’extérieur de la Zone Verte (enclave hautement sécurisée à Bagdad, qui fut instituée en avril 2003 à la suite de nombreux attentats dans le pays).
Le « couvre-feu complet dans la capitale Bagdad concerne tous les véhicules et tous les citoyens à partir de 19H ce lundi », a indiqué le Commandement des Opérations conjointes dans un communiqué, alors que plusieurs dizaines de sadristes envahissaient un bâtiment officiel dans l’ultra-sécurisée Zone Verte.
Intrusion dans le palais
Quelques heures après l’annonce du couvre-feu, des dizaines de partisans de Moqtada Sadr ont pénétré à Bagdad dans le palais de la République, un bâtiment d’apparat, pour y manifester leur colère après que le leader chiite irakien a annoncé son « retrait » de la politique, a-t-on appris auprès des forces de sécurité.
Les sympathisants du chef religieux et politique « sont entrés dans le palais de la République », situé dans l’ultra-sécurisée Zone Verte dont les entrées ont été fermées, a indiqué une source de sécurité sous couvert de l’anonymat. Dans Bagdad, plusieurs milliers de sadristes se dirigeaient vers cette enceinte du centre-ville, où le président reçoit habituellement des hôtes de marque.
aHors de la Zone verte, dans les rues de Bagdad, plusieurs milliers de sadristes se dirigeaient vers cette enceinte du centre-ville en scandant « Moqtada ! Moqtada ! ».
Les premières victimes civiles en fin de journée
Douze partisans de Moqtada Sadr ont été tués lundi dans la Zone Verte à Bagdad et 270 autres blessés, en plein chaos. Au moins sept obus de mortier sont tombés ce lundi soir dans la Zone Verte de Bagdad, a-t-on appris auprès d'une source sécuritaire. Cette source, qui a souhaité conserver l'anonymat, n'était pas en mesure de fournir de bilan dans l'immédiat. De même, on ignorait quel groupe ou quelle faction était à l'origine des tirs. Dans la foulée, des tirs d'armes automatiques résonnaient depuis le quartier de la Zone Verte qui abrite des ministères et des ambassades.
Les réactions à l'internationale
En début de soirée, les Etats-Unis jugent « inquiétantes » les informations sur la flambée de violence en cours à Bagdad et appellent au « calme » et au « dialogue », a dit lundi John Kirby, qui pilote la communication du Conseil de sécurité nationale de la Maison Blanche.
La mission de l'ONU en Irak, dont le siège se trouve dans la Zone Verte, a appelé toutes les parties à la « retenue maximale ».