Prêts à manger du boeuf cloné?
ALIMENTATION•L'Union européenne fait un pas vers l'autorisation de la commercialisation de produits alimentaires tirés d'animaux clonés...Avec agence
Les ministres de l'Agriculture de l'UE ont relancé lundi la polémique sur les aliments clonés en Europe, en ouvrant la possibilité d'autoriser leur commercialisation.
Lors d'une réunion à Luxembourg, ils ont adopté un nouveau projet de réglementation concernant ce qu'ils appellent «les nouveaux aliments». Il concerne toute une série de produits exotiques allant des algues au plancton, en passant par les larves de scarabées, mais aussi et surtout les produits alimentaires tirés d'animaux clonés et de leurs descendance.
Attention aux apparences
Apparemment, le texte vise à introduire des règles, alors que cette commercialisation n’est pas clairement réglementée. Il impose une procédure d'autorisation uniformisée dans l'UE, ces produits devant notamment obtenir le feu vert de l'Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) et de la Commission européenne.
Le projet concerne non seulement les animaux clonés eux-mêmes mais aussi, et c'est nouveau, leur descendance de première génération (issue par exemple d'un accouplement naturel de deux ovins clonés).
Le Parlement européen est contre
Cette décision des ministres a été sévèrement critiquée par les écologistes au Parlement européen. Dans un communiqué, ils se sont dits «profondément préoccupés par le fait que les gouvernements européens laissent la porte ouverte à la vente de viande clonée». Pour José Bové, nouveau député européen Vert, «c'est un parfait scandale».
Le Parlement européen s'était en début d'année prononcé pour une interdiction pure et simple de toute commercialisation. Il va sans doute mener une longue bataille avec les Etats sur ce sujet.
Plusieurs ministres ont fait savoir que le texte adopté lundi n'était qu'un compromis entre les pays favorables et opposés au clonage, appelé à être modifié.
La France n'en veut pas
Le ministre français de l’Agriculture, Michel Barnier, qui vient d'être élu député européen et est pressenti pour devenir le prochain commissaire européen de la France a annoncé la couleur: «là où je serai, je me battrai pour l'interdiction pure et simple» des aliments clonés, «comme pour le boeuf aux hormones ou le poulet chloré».
Selon une enquête européenne de fin 2008, 43% des Européens affirment qu'ils n'achèteront «probablement jamais de tels produits».
Il y a un an, en juillet 2008, l'EFSA avait elle-même émis des réserves sur la commercialisation future d'aliments provenant d'animaux clonés, contrairement à son homologue américaine (FDA), qui n'avait rien trouvé à redire.