L'essentiel
- La Chine estime que Taïwan, peuplée d’environ 23 millions d’habitants, est l’une de ses provinces, qu’elle n’a pas encore réussi à réunifier avec le reste de son territoire depuis la fin de la guerre civile chinoise (1949).
- Opposé à toute initiative donnant aux autorités taïwanaises une légitimité internationale, Pékin est vent debout contre tout contact officiel entre Taïwan et d’autres pays. Alors, même si des responsables américains se rendent fréquemment dans cette île, la Chine a jugé que la visite le 4 août de Nancy Pelosi, l’un des plus hauts personnages de l’Etat américain, a été une provocation majeure.
- Tous les soirs, 20 Minutes revient sur les tensions autour de Taïwan alors que l’armée chinoise mène les plus grands exercices militaires de son histoire dans cette zone, envoyant avions de chasse, navires de guerre, drones et tirant des missiles balistiques.
Vous avez raté les derniers événements concernant le regain de tension autour de Taïwan ? Pas de panique, 20 Minutes fait le point chaque jour, depuis la visite de Nancy Pelosi, numéro trois américaine et présidente de la Chambre des représentants, qui a largement refroidi les rapports entre la Chine et les Etats-Unis. Qui a fait quoi ? Qui a dit quoi ? Où en sommes-nous ? La réponse ci-dessous :
Le fait du jour
Taïwan muscle sa défense. L’île prévoit une hausse de son budget militaire, qui va atteindre un niveau sans précédent. Taipei a en effet proposé ce jeudi un nouveau budget militaire de 13,7 milliards d’euros pour l’an prochain, soit une hausse de 13 % par rapport à l’année dernière. Un budget spécial sera également affecté à l’acquisition d’avions de chasse.
Pour rappel, depuis quelques années déjà, Taipei modernise sa flotte vieillissante de chasseurs, sur fond de pression constante exercée via des incursions chinoises plus fréquentes dans sa zone d’identification de défense aérienne (Adiz). L’année dernière, Taïwan a ainsi enregistré environ 950 incursions d’avions de guerre chinois dans sa zone de défense aérienne, soit plus du double des quelque 380 en 2020.
Le chiffre du jour
88.000. C’est le nombre d’hommes et des femmes que comptent les forces terrestres de Taïwan. Alors que les bruits de bottes de Pékin se sont intensifiés sous la présidence de Xi Jinping, et que l’invasion de l’Ukraine par la Russie a prouvé que les menaces verbales pouvaient devenir concrètes, Taipei reste largement en infériorité numérique vis-à-vis de Pékin. La Chine compte en effet un million de membres dans ses forces terrestres, selon les estimations du Pentagone.
La phrase du jour
« Cette bataille pour protéger notre patrie a montré au monde qu’aucune menace, quelle qu’elle soit, ne pouvait ébranler la détermination du peuple taïwanais à défendre sa nation - ni dans le passé, ni aujourd’hui, ni à l’avenir. » »
Tels sont les mots de la présidente taïwanaise qui a ainsi réaffirmé que son peuple demeurait résolu à défendre l’île. Tsai Ing-wen a fait cette déclaration à l’occasion du 64e anniversaire de la campagne chinoise de tirs d’artillerie sur la petite île de Kinmen, connue sous le nom de « Bombardement 823 ».
La tendance du jour
Ils restent vigilants mais confient un brin flipper se sachant mal préparés à un éventuel conflit. Les journalistes de l’AFP ont rencontré les réservistes de l’armée de Taipei et tous se sentent « démunis » si une guerre contre Pékin survenait. « Je ne suis absolument pas prêt (pour la guerre), parce que quatre mois, pour moi, c’est plus un jeu qu’autre chose », a ainsi confié Henry Cheng, réserviste et agent d’assurances de 25 ans.
Le jeune homme a accompli l’an dernier son service militaire obligatoire de quatre mois, et a ainsi rejoint les quelque 2,5 millions de réservistes mobilisables en cas d’invasion. Reste que les manœuvres militaires menées ce mois-ci par la Chine ont relancé le débat à Taïwan et parmi ses principaux alliés occidentaux sur l’état de préparation de son armée. Bilan : cette dernière est nettement en infériorité numérique et matérielle par rapport à l’armée chinoise.
De ce fait, le gouvernement de la présidente Tsai Ing-wen étudie la possibilité de rétablir un service militaire renforcé, alors que les sondages indiquent que plus des trois quarts des Taïwanais considèrent la durée du service comme trop courte. Taipei a également intensifié la formation des réservistes. Insuffisamment, selon des experts. L’ex-chef de l’armée américaine, Mark Esper, a ainsi appelé Taïwan à allonger la durée de son service militaire à un an et à incorporer les femmes. Quant aux stratèges américains et taïwanais, ils poussent d’ores et déjà Taipei à adopter une stratégie de « porc-épic » à la ukrainienne.
Notre dossier sur Taïwan
Selon eux, la population taïwanaise n’est toutefois pas prête à mener une résistance acharnée à l’image de Marioupol ou de Severodonetsk, selon l’ex-colonel des forces aériennes Richard Chou, qui compte vingt et une années de service. Et d’ajouter : « Il ne s’agit pas seulement de tenir un fusil. [Les Taïwanais] doivent aussi apprendre à affronter les choses ensemble, en tant que groupe, en étant entraînés. Ce n’est qu’à cette condition qu’ils auront un espoir de résister. »