Tensions à Taïwan : Vladimir Poutine fustige « l'insolence » américaine mais les Taïwanais n'ont même pas peur
RECAP'•Ce mardi 16 août, « 20 Minutes » fait le point du jour sur la crise ravivée par la venue de l’américaine Nancy Pelosi à Taïwan
Marion Pignot
L'essentiel
- La Chine estime que Taïwan, peuplée d’environ 23 millions d’habitants, est l’une de ses provinces, qu’elle n’a pas encore réussi à réunifier avec le reste de son territoire depuis la fin de la guerre civile chinoise (1949).
- Opposé à toute initiative donnant aux autorités taïwanaises une légitimité internationale, Pékin est vent debout contre tout contact officiel entre Taïwan et d’autres pays. Alors même si des responsables américains se rendent fréquemment dans cette île, la Chine a jugé que la visite le 4 août dernier de Nancy Pelosi, l’un des plus hauts personnages de l’Etat américain, a été une provocation majeure.
- Tous les soirs, 20 Minutes revient sur les tensions autour de Taïwan alors que l’armée chinoise mène les plus grands exercices militaires de son histoire dans cette zone, envoyant avions de chasse, navires de guerre, drones et tirant des missiles balistiques.
Vous avez raté les derniers événements concernant le regain de tension autour de Taïwan ? Pas de panique, 20 Minutes fait le point chaque jour, depuis la visite de Nancy Pelosi, numéro trois américaine et présidente de la Chambre des représentants, qui a largement refroidi les rapports entre la Chine et les Etats-Unis. Qui a fait quoi ? Qui a dit quoi ? Où en sommes-nous ? La réponse ci-dessous :
Le fait du jour
Et revoici Vladimir Poutine. Non content d’accuser les Etats-Unis de faire traîner le conflit ukrainien, le président russe a assuré ce mardi que ces derniers cherchaient également à « déstabiliser » le monde en ayant organisé la récente visite de Nancy Pelosi à Taïwan. « La situation en Ukraine montre que les Etats-Unis cherchent à faire traîner ce conflit. Et ils agissent de la même manière en cultivant la possibilité d’un conflit en Asie, en Afrique, en Amérique latine », a déclaré Vladimir Poutine.
Et d’ajouter dans une adresse à la Conférence internationale sur la sécurité à Moscou : « L’aventure américaine à l’égard de Taïwan, ce n’est pas simplement un voyage d’une politicienne irresponsable, mais une partie d’une stratégie intentionnelle consciente visant à rendre chaotique la situation […]. C’est une démonstration insolente de leur manque de respect envers la souveraineté des autres pays et leurs obligations internationales. »
Vladimir Poutine s’est exprimé alors que la Chine organisait de nouveaux exercices militaires autour de Taïwan et que cinq parlementaires américains terminaient leur visite à Taipei. La délégation américaine, dont la visite n’avait pas été annoncée, a rencontré la présidente Tsai Ing-wen. Le déplacement qui devait durer deux jours a essentiellement porté sur le commerce, la sécurité de la région et le changement climatique.
La phrase du jour
« La décision chinoise de tirer des missiles au-dessus de Taïwan doit être contestée car elle est irresponsable. » »
Tels sont les mots du vice-amiral de la Septième flotte des Etats-Unis, Karl Thomas, prononcés lors d’une table ronde à Singapour, ce mardi. « Si vous ne remettez pas en question (les agissements de la Chine à l’encontre de Taïwan) tout d’un coup, elle peut devenir comme les îles en mer de Chine méridionale (qui) sont maintenant devenues des avant-postes militaires à part entière avec des missiles, de grandes pistes d’atterrissage, des hangars, des radars, des postes d’écoute », a ajouté le commandant américain.
Le chiffre du jour
7. C’est le nombre de hauts responsables taïwanais sanctionné par Pékin, ce mardi, pour leur caractère « séparatistes "indépendantistes" purs et durs », selon l’agence de presse officielle Chine nouvelle. Ces personnalités du Parti démocratique progressiste de la présidente Tsai Ing-wen sont désormais interdites d’entrée en Chine, y compris à Hong Kong et Macao, et ne peuvent pas établir de relations économiques avec des entités du continent.
La tendance du jour
Un sondage publié ce mardi montre que la majorité de l’opinion publique taïwanaise reste indifférente aux exercices militaires. Selon la Taiwanese Public Opinion Foundation, 45 % des personnes interrogées ont déclaré ne pas avoir peur du tout et seuls 5 % ont déclaré avoir très peur. Preuve en est, le tourisme continue à Kinmen, où les habitants peuvent observer de leurs propres yeux la puissance militaire qui les menace. Au milieu des bruits de bottes, l’île de 140.000 habitants qui se trouve à moins de 10 kilomètres de la ville chinoise de Xiamen conserve sa placidité : les cars déversent leurs flots de touristes et on se presse aux postes d’observation pour prendre des photos du continent à travers les pointes anti-débarquement enfoncées sur la plage.
Alors que les îlots de Kinmen avaient pu un temps constituer une barrière naturelle à une invasion, elles pourraient désormais être facilement franchies par Pékin et son puissant arsenal de missiles, d’avions de chasse et de porte-aéronefs. Pékin qui, pour atteindre son objectif d’unification, pourrait selon les experts décider d’envahir certains ou l’ensemble des archipels au large de Taïwan.
Si les îles de Kinmen et Matsu sont à quelques kilomètres des côtes chinoises, un pas de plus serait la prise de contrôle de l’archipel de Penghu, beaucoup plus proche de Taïwan, à environ 50 km de l’île principale. « Si l’Armée populaire de libération réussissait à l’occuper, cela lui permettrait de prendre pied afin de mener des assauts à courte portée et d’avoir une supériorité aérienne », estime l’ancien amiral Lee Hsi-min, qui a dirigé les forces armées taïwanaises jusqu’en 2019. Selon un rapport du US Naval War College, la « stratégie d’étape » (s’arrêter avant d’attaquer l’île principale) permettrait à Pékin d’utiliser les annexions pour exercer une pression psychologique sur Taipei.