RECAP'La guerre en Ukraine en infographies au 163e jour de conflit

Guerre en Ukraine : Entre pilonnage et grignotage, la semaine de conflit en quatre infographies

RECAP'« 20 Minutes » vous résume les enjeux et l’avancée du conflit entre Kiev et Moscou en infographies
Marion Pignot

M.P. avec AFP

L'essentiel

  • Au 163e jour de la guerre opposant l’Ukraine à la Russie, trois nouveaux chargements de céréales ont quitté l’Ukraine alors qu’un rapport de l’ONG Amnesty International accuse Kiev de mettre en danger la vie des civils dans la guerre contre la Russie.
  • Le même jour, le président turc Recep Tayyip Erdogan devait évoquer avec Vladimir Poutine deux sujets brûlants : une trêve dans la guerre en Ukraine et le lancement d’une opération en Syrie. Une rencontre cruciale alors que les Etat-Unis viennent de donner leur feu vert aux protocoles d’adhésion de la Finlande et de la Suède à l’Otan et que les forces russes continuent de pilonner le sud et l’est de l’Ukraine.
  • Comme chaque vendredi, 20 Minutes revient sur les éléments-clés de la guerre en Ukraine et les grands tournants de la semaine en infographies.

Trois nouveaux navires marchands chargés de céréales ont quitté cette fin de semaine les ports ukrainiens de la mer Noire, entamant une série de rotations régulières pour ravitailler les marchés agricoles. Ce blé qui prend le large clôt sur une note d’espoir une semaine tiède sur le front de la diplomatie et du terrain.

Alors que les présidents Vladimir Poutine et Emmanuel Macron​ n’ont pas eu d’entretien téléphonique depuis deux mois car la France est un pays « inamical », le président turc Erdogan se trouvait ce vendredi à Sotchi pour parler guerre et paix avec le numéro un du Kremlin. Une paix qui n’est ne semble pas près d’être annoncée, puisque les forces russes ont continué cette semaine de s’acharner sur le sud et l’est de l’Ukraine tentant avec force missiles de contrecarrer l’offensive de Kiev…

Voici un point en quatre infographies sur cette nouvelle semaine de guerre en Ukraine, se terminant ce vendredi, 163e jour de conflit.

« A Pisky, Avdiïvka, et ailleurs. C’est l’enfer là-bas »

Carte de la situation en Ukraine au 5 août à 9 heures.
Carte de la situation en Ukraine au 5 août à 9 heures. - SIMON MALFATTO, SOPHIE RAMIS, KENAN AGEARD

Au Sud, dans la région de Kherson, première ville d’importance tombée le 3 mars dernier, l’armée russe tente d’enrayer une lente contre-offensive de l’Ukraine, qui a annoncé mardi y avoir repris 53 localités. « Les forces russes ont lancé deux assauts dans le nord de la région de Kherson et continuent de redéployer des troupes dans le Sud », selon l’Institut américain pour l’étude de la guerre (ISW). En vain… pour le moment.

Alors qu’au Sud chaque adversaire grignote du terrain, ailleurs en Ukraine missiles et autre artillerie de précision continuent de faire des dégâts. « Des missiles russes de haute précision » ont ainsi détruit près de Radekhiv, dans la région de Lviv, un « dépôt d’armes et de munitions étrangères », a déclaré l’armée russe, sans autre indication. La veille, l’Armée de l’air ukrainienne avait fait état de huit missiles de croisière russes tirés à partir de la mer Caspienne.

Les livraisons d’armes continuent de permettre à Kiev de contrebalancer la supériorité numérique russe. Le président ukrainien a ainsi remercié son homologue américain Joe Biden dans son allocution quotidienne mardi soir pour la fourniture de systèmes Himars, très mobiles, tirant des missiles guidés par GPS d’une portée de 80 kilomètres. « Le mot "Himars" est presque devenu un synonyme du mot "justice" pour notre pays », a assuré Volodymyr Zelensky. Pour autant, la suprématie russe en artillerie et en effectifs reste patente en particulier dans les combats qui font rage dans l’Est à Donetsk, une des deux régions du bassin du Donbass, a reconnu Zelensky : « A Pisky, Avdiïvka, et ailleurs. C’est l’enfer là-bas ».

L’Ukraine exporte (enfin) son blé libéré

Graphique montrant le volume de blé exporté par pays en 2020, en millions de tonnes, selon les données de la FAO.
Graphique montrant le volume de blé exporté par pays en 2020, en millions de tonnes, selon les données de la FAO. - PAZ PIZARRO, SYLVIE HUSSON

Cinq jours après le départ du port ukrainien d’Odessa du cargo Razoni, premier chargement de céréales depuis le début de l’invasion russe, trois nouveaux chargements de céréales ont quitté l’Ukraine en convoi vendredi. Le Navistar, battant pavillon panaméen, a quitté Odessa pour l’Irlande avec 33.000 tonnes de maïs ; le Rojen, sous pavillon maltais, fait route vers l’Angleterre depuis Tchernomorsk avec 13.000 tonnes et le cargo turc Polarnet, qui patientait à quai à Tchernomorsk, se dirige vers Karasu, port turc sur la mer Noire, avec 12.000 tonnes de maïs.

Ces navires, chargés de ce maïs crucial pour la sécurité alimentaire mondiale, progressent sous l’œil du Centre de coordination conjointe (CCC) établi à Istanbul aux termes de l’accord international signé à Istanbul le 22 juillet. Cet accord, validé par la Turquie et les Nations unies, doit permettre d’atténuer la crise alimentaire mondiale qui a vu les prix monter en flèche. A noter que les prix mondiaux des denrées alimentaires ont nettement fléchi en juillet, tirés vers le bas par les prix des céréales et des huiles végétales, a annoncé ce vendredi l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO). Par exemple, l’indice FAO des céréales s’est affaissé de 11,5 %, « la plus forte baisse étant à mettre sur le compte des prix mondiaux du blé, qui ne perdent pas moins de 14,5 % en réaction à l’accord conclu entre l’Ukraine et la Fédération de Russie au sujet du déblocage des principaux ports de la mer Noire ».

Selon Kiev, 16 autres bateaux chargés de céréales sont en attente de quitter Odessa.

Zelensky vs Amnesty

Carte d'Ukraine pointant les combats ayant fait des victimes depuis le début du conflit le 24 février 2022.
Carte d'Ukraine pointant les combats ayant fait des victimes depuis le début du conflit le 24 février 2022. - Paz PIZARRO, Jean-Michel CORNU, Sophie STUBER

Les progrès concernant les exportations de céréales ont été en partie éclipsés par un rapport d’Amnesty International accusant Kiev de mettre en danger la vie des civils.
Dans ce document publié jeudi après une enquête de quatre mois, Amnesty International a accusé l’armée ukrainienne d’établir des bases militaires dans des écoles et des hôpitaux et de lancer des attaques depuis des zones peuplées, une tactique qui viole selon elle le droit humanitaire international. Volodymyr Zelensky a vivement réagi jeudi soir, dans sa déclaration vidéo quotidienne, en accusant l’ONG de « tenter d’amnistier l’Etat terroriste » de Russie et de « transférer la responsabilité de l’agresseur à la victime ».

Dans son rapport, Amnesty International insiste toutefois sur le fait que les tactiques ukrainiennes ne « justifient en aucun cas les attaques russes aveugles » qui ont frappé les populations civiles. Ainsi, huit personnes ont été tuées et quatre blessées jeudi par une frappe russe ayant touché un arrêt de bus à Toretsk, dans l’est de l’Ukraine. Reste qu’après 163 jours de guerre, il n’existe toujours aucun bilan global des victimes civiles du conflit. Sur le plan militaire, environ 15.000 soldats russes auraient perdu la vie, selon les agences de renseignement américaine et britannique, alors que Kiev fait état de 10.000 morts dans ses troupes. Aucune statistique indépendante n’est disponible.

La Finlande et la Suède, encore un peu plus près de l’Otan

Carte des pays membres de l'Otan et des prétendants à l'intégration à l'organisation, dont la Finlande et la Suède dont le processus de ratification de l'adhésion a été formellement lancé le 5 juillet.
Carte des pays membres de l'Otan et des prétendants à l'intégration à l'organisation, dont la Finlande et la Suède dont le processus de ratification de l'adhésion a été formellement lancé le 5 juillet. - SIMON MALFATTO, SOPHIE RAMIS, KENAN AUGEARD

La Suède et la Finlande, qui s’étaient jusqu’à présent gardé de rejoindre l’Otan afin de ne pas s’attirer les foudres de la Russie voisine, ont présenté leur candidature après l’invasion, le 24 février, de l’Ukraine par Moscou. Celles-ci ont été approuvées lors d’un sommet de l’Otan à Madrid fin juin.

Et, ce mercredi, les Etats-Unis ont ratifié les protocoles d’adhésion. Le Sénat américain a approuvé cette résolution lors d’un vote à une très large majorité (95 voix pour, 1 contre). « Ce vote historique est un signe important de l’engagement durable et transpartisan des Etats-Unis à l’Otan, et de la volonté de faire en sorte que notre Alliance soit prête pour relever les défis d’aujourd’hui et de demain », s’est félicité le président Joe Biden.


Notre dossier sur la guerre en Ukraine

L’administration Biden soutenait ardemment cette ratification censée démontrer la solidité de l’Alliance atlantique face à la Russie expansionniste. Quant au vote américain, il est intervenu au lendemain de la ratification des protocoles d’adhésion par le parlement français, ainsi que par l’Italie. En comptant les Etats-Unis, 23 Etats ont déjà ratifié l’adhésion de la Finlande et de la Suède sur les 30 nécessaires.