Tunisie : Les Tunisiens votent ce lundi pour une nouvelle constitution controversée
ELECTIONS•Le pays est plongé dans des difficultés économiques, aggravées par l'épidémie de Covid-19 et la guerre en Ukraine20 Minutes avec AFP
Les Tunisiens votent lundi lors d’un référendum imposé par le chef de l’Etat, Kais Saied, sur une nouvelle constitution controversée qui renforce les pouvoirs du président et pourrait faire rebasculer le pays vers un régime dictatorial similaire à l’avant 2011.
Le pays, plongé dans des difficultés économiques, aggravées par l’épidémie de Covid-19 puis la guerre en Ukraine, est aussi en proie à une profonde crise politique depuis que le président s’est emparé de tous les pouvoirs il y a un an, arguant de l’ingouvernabilité du pays.
Un choix historique
Une poignée de six ou sept électeurs s’est présentée dès l’ouverture à 5 heures du bureau de vote de la rue de Marseille au centre de la capitale. « Quelle est l’importance du référendum ? c’est important pour mon pays, l’avenir de mon pays », a déclaré Tarek Jemaï, un ouvrier agricole de 42 ans.
Evoquant un « choix historique », le président accompagné de son épouse Ichraf Chebil après avoir voté dans le quartier bourgeois de Cité Ennasr, a appelé le peuple tunisien à se rendre aux urnes pour « établir une nouvelle République fondée sur la vraie liberté, la vraie justice et la dignité nationale ».
Taux de participation faible
Le projet de constitution instaure un régime ultra-présidentiel accordant de vastes pouvoirs au chef de l’Etat, en rupture avec le système parlementaire en place depuis 2014, source de conflits entre le Parlement et le gouvernement.
La participation est le principal enjeu du référendum pour lequel aucun quorum n’est requis et où le oui est donné favori, les grands partis d’opposition ayant appelé à boycotter le scrutin.
Selon l’autorité électorale Isie, 9.296.064 Tunisiens sont inscrits pour participer à ce référendum. Pour le moment, le taux de participation des 356.291 Tunisiens de l’étranger est faible, allant de 4 à 6 %, selon Farouk Bouasker, le président de l’Isie.
Contrebalancer l’Assemblée
Dans le nouveau texte de la constitution, le président désigne le chef du gouvernement et les ministres et peut les révoquer à sa guise, sans nécessité d’obtenir la confiance du Parlement. Il entérine les lois et peut soumettre au Parlement des textes législatifs qui ont « la priorité ». Une deuxième chambre devant représenter les régions sera établie pour contrebalancer l’Assemblée des représentants (députés) actuelle.
Sadok Belaïd, le juriste chargé par Saied d’élaborer la nouvelle constitution, a désavoué le texte final, estimant qu’il pourrait « ouvrir la voie à un régime dictatorial ».
L’opposition et de nombreuses ONG ont dénoncé un texte « taillé sur mesure » pour Saïed, l’absence de contrepouvoirs et le risque de dérive autoritaire d’un président n’ayant de comptes à rendre à personne.